Intervention de Henri de Castries

Mission commune d'information sur la notion de centre de décision économique et les conséquences qui s'attachent, dans ce domaine à l'attractivité du territoire national — Réunion du 19 octobre 2006 : 1ère réunion
Audition de M. Henri de Castries président du directoire d'axa

Henri de Castries, Président du directoire d'Axa :

à titre liminaire, a présenté l'activité du groupe Axa. En particulier, il a souligné que le marché français ne représentait que 20 % de cette activité, et le marché européen 60 %, alors que les Etats-Unis et l'Asie en absorbaient, respectivement, un peu plus et un peu moins de 20 %. Il a précisé que ces dernières régions offraient au groupe, actuellement, ses plus forts taux de croissance.

Répondant à la première interrogation de M. Philippe Marini, président, il a estimé que la notion de centre de décision économique était susceptible de varier en fonction du type de métier et de l'organisation de chaque entreprise. Selon lui, cette notion étant corrélée, pour l'essentiel, à la fonction de contrôle exercée dans l'entreprise, ses critères fondamentaux tenaient à la présence des actionnaires, détenteurs d'un « pouvoir final » sur le capital, et à celle des dirigeants, en charge de « l'orientation stratégique au quotidien ». Cependant, compte tenu du faible coût actuel des technologies de communication, il a précisé qu'un centre de décision pouvait très bien ne pas rassembler physiquement ses animateurs, et n'être que « virtuel ». Il a cité en exemple le directoire d'Axa, dont la réunion hebdomadaire se déroulait sous forme de vidéoconférence.

A ce propos, il a rapporté que, d'après son expérience, il s'avérait de plus en plus difficile d'attirer en France, pour leur résidence professionnelle, des ressortissants d'autres pays. Pour lui, cette réticence ne procédait pas seulement de raisons d'ordre fiscal. Il l'a expliquée, avant tout, par le sentiment des intéressés que notre pays, désormais, ne valorisait plus le travail ni la réussite professionnelle, ainsi que par la lourdeur des procédures administratives existantes. Les mêmes motifs, selon lui, justifiaient l'appréhension d'un éventuel retour en France qu'éprouvaient des cadres nationaux ayant fait l'expérience d'une expatriation.

S'agissant du « patriotisme économique », il a vivement critiqué une formule qui, à ses yeux, dévoyait la notion de patriotisme afin de masquer des tentations protectionnistes. En vue de restaurer l'attractivité française, il a plaidé en faveur d'une réduction de la dépense publique et d'une « réhabilitation » des valeurs associées au travail et à l'entreprise, dont il a fait remarquer l'importance dans les régions du monde enregistrant de forts taux de croissance. A cet égard, il a interprété le dynamisme des entreprises françaises du CAC 40 comme le résultat de leur développement soutenu à l'international. Par ailleurs, en insistant sur la place des services dans la croissance mondiale, il a souhaité que la France s'engage résolument dans ce domaine, pour lequel elle disposait d'un avantage concurrentiel, plutôt que de soutenir des secteurs, notamment dans l'industrie, dont le déclin, d'après lui, était inéluctable.

Evoquant, ensuite, le comportement des investisseurs, il a d'abord fait remarquer que tout investissement supposait, en amont, une motivation. Or, selon lui, la fiscalité européenne des actions faisait obstacle à une telle motivation, en ce qui concerne les placements de long terme. En outre, il a analysé comme deux erreurs, de la part des autorités européennes :

- d'une part, l'introduction des normes comptables IFRS (« International Financial Reporting Standards »). Il a estimé que le principe d'évaluation retenu par ces normes, sur le modèle de la fair value (évaluation à la valeur de marché du moment), en requérant une valorisation instantanée, conduisait à dissuader les investissements qui présentaient un risque à court terme ;

- d'autre part, les modalités de définition, en cours, des normes relatives à la marge de solvabilité des entreprises d'assurance de l'Union européenne. Il a jugé que ces normes, en l'état, présentaient une prudence excessive, facteur de « surcapitalisation » pour les sociétés concernées, et il a mis en garde contre d'éventuels effets de découragement des entreprises européennes, quant à leurs investissements et placements de long terme.

Enfin, sur la restructuration des opérateurs de marché européens, il a déclaré que son opinion n'était pas tranchée. Après avoir rappelé, succinctement, les termes de chacune des deux offres en lice concernant Euronext l'offre de la Deutsche Börse d'une part, l'offre du New York Stock Exchange d'autre part , il a estimé que rien ne serait acquis, dans un sens ni dans l'autre, avant le choix des actionnaires, sous réserve de l'appréciation des autorités de régulation sur l'opération elle-même.

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