a tenu à exprimer le très grand intérêt qu'il attachait à la participation aux travaux de la mission commune d'information, tant les notions étudiées revêtent un caractère majeur dans la vie des affaires, comme en témoignent notamment les événements auxquels il a été directement confronté, à la fois dans le secteur énergétique en tant que président de Suez et dans le domaine boursier en tant que président de Paris Europlace. Aussi s'est-il proposé de revenir sur les questions posées par le président.
S'agissant de la nationalité d'une entreprise, il a déclaré, en s'appuyant sur une conception biologique de l'entreprise, que la tête, que constitue le centre de décision, ne saurait être séparée du corps que représente la réalité de l'ancrage géographique de l'entreprise. Dans ce cadre, il a fait valoir que, malgré certains facteurs liés à la globalisation, la notion de nationalité d'une entreprise conservait toute sa pertinence. Après avoir rappelé les facteurs de convergence tendant à homogénéiser les entreprises au niveau international autour des normes comptables et culturelles anglo-saxonnes, s'agissant notamment du gouvernement d'entreprise, il a tenu à souligner les éléments permanents entrant dans la définition de la nationalité de l'entreprise. Parmi ces derniers, il a notamment identifié la nationalité des dirigeants et la réalité de l'implantation territoriale, qui constituent les racines de l'entité. A cet égard, il a considéré que le groupe Suez revendiquait son ancrage binational, à la fois français et belge. Il a conclu en précisant que le fait d'être une entreprise aux racines françaises n'était en aucun cas une entrave à un développement international ambitieux, comme l'atteste la réussite de nombreux groupes originaires de notre pays.
S'agissant de la notion de patriotisme économique, M. Gérard Mestrallet est revenu sur les épisodes récents de la vie de son groupe, pour préciser que le projet d'alliance avec Gaz de France ne procédait pas d'une réaction défensive immédiate face à l'offre d'Enel, mais résultait d'une réflexion menée de longue date. De façon plus générale, il a estimé que le concept de patriotisme économique avait toute sa pertinence, dès lors qu'il consistait en une volonté de faire gagner notre pays dans le cadre d'une économie ouverte aux échanges et aux investissements étrangers, notamment en le rendant plus attractif. Il a ainsi opposé ce patriotisme à toutes les formes de protectionnisme économique, qui visent au contraire à entraver les échanges et les investissements internationaux.
Au sujet de la notion de souveraineté économique, il a insisté sur l'importance de la capacité des Etats à définir leurs propres perspectives dans le domaine économique. A titre d'exemple, il a fait valoir qu'en 2004 il avait lancé un appel en faveur d'une politique publique de l'énergie au niveau européen, l'objectif étant, y compris pour les opérateurs privés, de disposer d'un cadre d'action à long terme précisant la façon dont l'Europe envisageait de répondre au défi de son approvisionnement énergétique au XXIe siècle. Il a souligné que la mise en place d'une telle politique était de nature à engager un cercle vertueux, dans la mesure où, en proposant des perspectives lisibles, les Etats européens donneraient aux opérateurs un cadre d'action qui, intégré par ces derniers, aurait d'autant plus de chance d'être effectivement mis en oeuvre.