Intervention de Patrick Ricard

Mission commune d'information sur la notion de centre de décision économique et les conséquences qui s'attachent, dans ce domaine à l'attractivité du territoire national — Réunion du 25 octobre 2006 : 1ère réunion
Audition de M. Patrick Ricard président directeur-général de pernod-ricard

Patrick Ricard :

a indiqué que son groupe, issu du rapprochement en 1975 entre les sociétés Pernod et Ricard, avait eu la chance de préserver une certaine continuité stratégique, malgré les importantes évolutions qu'avait connues son activité. Le chiffre d'affaires était ainsi passé de moins de 500 millions d'euros à près de 6,7 milliards d'euros entre 1975 et 2005, et était désormais réalisé à l'étranger à hauteur de 89 %, contre 17 % en 1975. Il a ajouté que le siège du groupe avait été maintenu en France, mais que la réussite de son internationalisation dans 80 pays devait beaucoup à son organisation très décentralisée, préservant une grande faculté d'adaptation aux conditions locales. Le siège social n'employait ainsi que 130 personnes, sur un effectif total de 17.000 salariés, et les décisions opérationnelles étaient essentiellement prises dans les pays où étaient élaborés les produits et où les marchés étaient les plus étendus.

Il a considéré que Pernod-Ricard n'était pas réellement confronté à la question de la délocalisation de la production, compte tenu de la nature même des alcools et spiritueux, associés à une origine géographique, mais que les équipes de vente étaient, pour leur part, largement délocalisées. Les unités géographiques disposaient également de vrais décideurs locaux. Il a ajouté que l'ancrage en France demeurait néanmoins fort et que 3.000 collaborateurs y étaient employés. L'usage du français dominait pour les réunions importantes du groupe, qui avaient lieu en France, mais l'anglais était de plus en plus utilisé, compte tenu de l'internationalisation de la société.

a ajouté que les formations et séminaires internes des cadres étaient le plus souvent assurés à Rambouillet, en trois langues, mais demeuraient imprégnés de culture française. Le fait que le président du groupe fût un membre de la famille du fondateur et portât le même nom que la société contribuait également à conforter la perception de la nationalité française de Pernod-Ricard. Cette identification à la France pourrait cependant, selon lui, s'atténuer si le groupe devait, à l'avenir, être dirigé par une personne de nationalité étrangère, ou délocaliser de nouvelles activités stratégiques pour bénéficier de moindres coûts de main d'oeuvre. Il a néanmoins estimé que la France disposait toujours d'atouts importants, parmi lesquels le niveau élevé de formation, la qualité de vie et la sécurité quotidienne des salariés.

Revenant sur le caractère international de son groupe, il a présenté la charte d'organisation, diffusée en quarante langues, et la charte globale de développement durable, davantage dédiée aux actionnaires et aux clients. Il a évoqué l'adhésion en 2003 de la société au forum « Global Compact » des Nations Unies et le cas du travail des enfants en Inde, auquel le groupe n'avait pas recours mais qui pouvait faire l'objet de perceptions différentes selon les pays et les cultures, dans la mesure où il contribuait à faire vivre des familles.

Il a enfin précisé que la majorité des dirigeants de Pernod-Ricard étaient français, et davantage issus des fonctions de gestion financière et d'audit interne que des services commerciaux et de marketing.

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