Intervention de Jean-Paul Bailly

Commission de l'économie, du développement durable et de l'aménagement du territoire — Réunion du 12 avril 2011 : 1ère réunion
Audition de M. Jean-Paul Bailly candidat à la présidence du groupe la poste

Jean-Paul Bailly, président du groupe La Poste :

Il a servi de base aux discussions dans les commissions départementales de la présence postale.

Nous avons participé au travail d'évaluation du groupe. La valorisation nous a paru correcte, la négociation a été équitable. Il faut toujours distinguer entre valeur de l'entreprise et valeur pour les actionnaires, la différence étant constituée par la dette. Il y a un écart entre la valeur d'un appartement et ce que la vente rapporte au propriétaire après remboursement de l'emprunt ! Le groupe est estimé entre 3 et 4 milliards d'euros, hors les 6 milliards de dettes. La valeur de l'entreprise est ainsi de 10 milliards d'euros environ. La contestation de cette évaluation ne s'appuie sur aucun élément sérieux. Le pacte d'actionnaires est de 20 ans, renouvelable 10.

Il n'y a aucun lien entre le crédit aux entreprises et Dexia. La nouvelle activité a été autorisée par Mme Christine Lagarde l'an dernier. La presse a parlé de relations entre la Banque postale et Dexia mais nous n'avons ensemble ni partenariat, ni lien capitalistique, aucune filiale commune, aucun accord juridique ! La Poste fait simplement des placements financiers. Elle place ses liquidités après étude du risque et de la rentabilité.

L'opérateur virtuel de téléphonie mobile a été bien traité, rassurez-vous : nous avons procédé à un appel d'offres et chaque candidat avait à coeur de présenter une proposition intéressante. Ce partenariat comme d'autres, suscitant beaucoup d'intérêt, montre que notre image et notre efficacité comme distributeur sont prisées.

La Poste s'équipe en véhicules électriques. Kilométrage limité, utilisation du véhicule seulement dans la journée, laissant tout le temps de recharge nécessaire : nous sommes le coeur de cible ! Outre les achats qu'elle a fait de son côté, La Poste a été chargée d'organiser l'achat groupé de 50 à 100 000 véhicules. Nous en sommes à 30 000 commandes fermes et l'objectif de 50 000 ne paraît pas hors de portée. Il n'est pas facile de réunir les responsables de toutes les grandes flottes automobiles, celles des entreprises publiques, privées, collectivités, administrations... Il leur faut se mettre d'accord sur le cahier des charges, puis faire des commandes fermes, s'entendre sur les modalités d'achat, formaliser l'appel d'offres. Nous en aurons les résultats à l'automne. Les premières livraisons devraient intervenir en fin d'année. En dépit d'un petit décalage par rapport à l'ambition initiale, les choses avancent !

La Banque postale est un succès commercial. Les produits les plus récents se développent, le crédit immobilier aussi, le crédit à la consommation également - un peu en deçà de nos prévisions cependant. Fin 2010 nous avions distribué plus de 100 000 contrats de crédits à la consommation, un peu moins qu'attendu là encore. Mais les assurances dommages se développent plus vite. L'incertitude fiscale pèse sur le marché de l'assurance-vie : ce sont ainsi 1,3 milliard d'euros qui ne financent pas l'économie nationale...

Lorsque nous disposerons de l'agrément pour le crédit aux personnes morales, nous donnerons la priorité aux petits acteurs économiques - artisans, commerçants, très petites entreprises (TPE), associations, dont 350 000 sont déjà nos clientes - et aux acteurs de l'économie sociale. Nous serons attentifs au risque et commencerons par le crédit-bail, puis l'affacturage, puis le crédit-bail immobilier.

« Santé de fer » ? Bonne santé, oui, mais soyons prudents. Il est vrai que beaucoup d'emplois ont disparu en 2010, plus que prévu car la réforme des retraites a provoqué une vague de départs : nous avons même dû accélérer notre programme d'embauches pour 2011. Il est faux de dire en revanche que les recrutements se font sous contrat précaire. Nous recrutons presqu'exclusivement en CDI ! Mais nous faisons largement appel à l'apprentissage. En 2011, 4 000 embauches sont programmées, dont 2 500 en contrats d'apprentissage, débouchant ensuite sur des CDI.

La qualité de service s'est améliorée dans tous les domaines. Tous les indicateurs de qualité et de satisfaction sont orientés à la hausse : les effectifs sont suffisants pour y parvenir, semble-t-il. S'ils sont en baisse, nous sommes attentifs à ce que les agents qui restent vivent le changement le mieux possible.

Les facteurs dans le passé étaient solitaires. Aujourd'hui ils travaillent en équipe et effectuent des remplacements entre eux. Le système est en place sur 95 % du territoire. Il donne satisfaction partout, car les heures supplémentaires sont payées. Oui, la durée des tournées est régulièrement évaluée, nous avons besoin de savoir quelle est leur durée moyenne. Je ne peux laisser dire que nous poursuivons une course à la rentabilité. Notre politique exige des adaptations, et quel que soit le statut et les actionnaires, la conjoncture est difficile et exige que nous sachions anticiper.

Le coefficient d'exploitation de la Banque postale est effectivement supérieur à 80 %, contre environ 65 % en moyenne chez nos concurrents. Nous entendons le réduire, mais pas complètement, en raison des caractéristiques de notre activité : services aux personnes modestes, accessibilité des services, coûts. Nos pratiques et nos clientèles sont différentes, mais l'écart n'est pas complètement justifié et nous le réduirons.

Il n'y a pas eu de traumatisme après le changement de statut. Aucun élément n'autorise une telle affirmation. Il y a eu des inquiétudes. Le changement de statut et l'augmentation de capital ont plutôt ouvert des perspectives de développement et des espérances. Nous continuerons de remplir nos missions de service public ; c'est pour cela que La Poste existe, et ces obligations figurent à la fois dans le contrat et dans la loi.

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