Reconnaissant que la PAC connaîtrait d'importantes évolutions d'ici à 2013, M. Luc Guyau a appelé à y substituer une politique alimentaire, agricole et territoriale commune. Rappelant que la PAC avait été créée en vue de faire face à la pénurie alimentaire de l'après-guerre, il a fait remarquer qu'elle avait permis de garantir les consommateurs en quantité, en régularité et en sécurité d'approvisionnement. Soulignant que le coût d'une telle politique -0,38 % du produit intérieur brut européen- était finalement modique et que cette politique donnait lieu à 9 milliards d'euros d'excédents extérieurs, il a regretté que les producteurs fassent l'objet de critiques à chaque crise sanitaire.
Estimant que le bilan de santé de la PAC ne devrait pas, au contraire du précédent, bouleverser ses grands équilibres, tout en initiant de nouvelles orientations inéluctables, il en a exposé les trois grands axes de réforme :
- garantir davantage d'équité. Certaines productions, telles que les fruits et légumes, n'ont jamais été intégrées dans la PAC. Il convient de s'inspirer de l'exemple allemand, où un système de lissage progressif des aides européennes a été mis en place dès 2003 en vue de parvenir en 2012 à une harmonisation entre productions ;
- maintenir des mécanismes régulateurs. Tous les pays, même les plus libéraux, à l'instar de l'Australie, y ont recours. Ils permettent de faire face à des accidents climatiques. L'assurance récolte doit être développée dans ce cadre ;
- conserver l'originalité du modèle agricole européen. Celui-ci garantit en effet un revenu aux exploitants, une diversité de production et un aménagement des territoires ruraux.
Opposé à la modulation, M. Luc Guyau s'est dit en revanche favorable au développement du second pilier, dès lors qu'il ne serait pas financé au moyen du premier. Il a préconisé l'utilisation, au sein de ce dernier, de mécanismes tels que celui de l'article 69 de la PAC, permettant de rééquilibrer le soutien aux différents secteurs de production. Favorable au maintien de mesures d'intervention pour les céréales, il s'est dit opposé à la suppression des jachères.
Appelant la présidence française à donner à l'agriculture de grands axes de développement pour les vingt années à venir, il a souligné l'impact de la flambée des prix des produits agricoles, celle-ci ayant fait prendre conscience au grand public français, et même à un pays traditionnellement libéral comme l'Angleterre, de l'importance de la notion de sécurité alimentaire.
Il a souhaité que les négociations à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) n'aboutissent pas cette année à un accord, les objectifs affichés étant très éloignés des enjeux actuels. Le maintien d'une véritable politique européenne agricole est indispensable stratégiquement et économiquement et le marché représenté par les 500 millions d'Indiens et de Chinois possédant un pouvoir d'achat semblable à celui des occidentaux, offre de réelles opportunités. La présidence française de l'Union doit également s'investir dans une action renforcée avec le continent africain, tant pour des enjeux de développement que pour des motifs économiques.