Intervention de Alain Juppé

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 25 janvier 2011 : 1ère réunion
Audition de M. Alain Juppé ministre de la défense et des anciens combattants

Alain Juppé, ministre de la défense :

Tout d'abord, je suis heureux de me trouver devant vous, après m'être exprimé il y a quelques semaines sur la défense antimissile balistique. Bien évidemment, je reviendrai devant vous quand vous le souhaiterez.

Vous évoquiez le terrorisme, monsieur le président : ce matin même, j'étais aux côtés du Président de la République à Saint-Nazaire pour accueillir le vice-premier ministre russe, M. Igor Setchine. Je lui ai exprimé la compassion et la solidarité du gouvernement et du peuple français face à l'attaque terroriste barbare perpétrée dans un des aéroports de Moscou.

Je vais maintenant évoquer trois grands chantiers, dans lesquels la France joue un rôle moteur et qui influeront sur les modalités de nos engagements opérationnels à venir.

D'abord, la réforme de l'OTAN. Nous en avons déjà parlé lors du débat sur la défense antimissile. Aujourd'hui, je voudrais souligner l'effort considérable entrepris pour réformer la structure de commandement de l'Alliance, dont le format définitif sera décidé en juin prochain. Nous voulons une structure plus ramassée, plus efficace dans la planification et la conduite des opérations. Je veux également rappeler la nécessaire réforme des agences et de la gouvernance de l'Alliance, qui sont tout aussi importantes pour les opérations.

Sur tous ces points, nous serons exigeants sur les objectifs à atteindre, comme j'aurai après-demain l'occasion de le rappeler au secrétaire général de l'OTAN, M. Anders Rasmussen, que je rencontrerai à Bruxelles.

Le deuxième chantier, qui me tient particulièrement à coeur, est la relance de l'Europe de la défense. Dans un monde qui demeure plus imprévisible que jamais, je suis convaincu que nous avons besoin d'une Europe politique, capable de faire entendre sa voix sur la scène internationale et dotée des moyens d'agir pour sa propre sécurité ou pour la paix et la sécurité dans le monde.

C'est le sens de la lettre qu'avec Mme Alliot-Marie et nos homologues allemands et polonais, nous avons récemment adressée à Catherine Ashton, Haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. Ce texte, auquel nous attendons une réponse, constitue un signal politique fort à un moment où les Européens doivent faire des choix décisifs pour l'avenir de leur défense. Nos trois pays y rappellent l'importance d'une Europe de la défense crédible aux plans politique et militaire, et capable d'entretenir des liens de complémentarité efficaces avec l'Alliance. J'ai bien noté ce qu'avait dit M. le Secrétaire général de l'Alliance lorsqu'il est venu devant les ministres de la défense réunis à Bruxelles pour la première fois, il y a quelques semaines, en parlant d'une relation « dans le respect de l'autonomie » de chacune des institutions. Dans cette lettre, nous demandons à la Haute Représentante de s'investir personnellement en ce sens, en lui proposant une feuille de route concrète pour les mois qui viennent, avec trois grandes orientations : le renforcement de la coopération Union européenne - Alliance atlantique, au plan opérationnel comme au plan capacitaire, même si nos amis turcs expriment à ce sujet des réserves.

La deuxième grande orientation a trait à l'amélioration des capacités de planification et de conduite européennes et le développement des groupements tactiques inter-armés de réaction rapide, les battle groups, comme on dit à l'OTAN.

Enfin, nous demandons le renforcement des capacités militaires européennes, en recherchant des formules nouvelles de mutualisation et de partage, de pooling and sharing, pour reprendre l'expression consacrée, permettant d'optimiser l'utilisation de nos ressources.

Cette ambition de donner un nouveau souffle à la politique européenne de sécurité et de défense commune et cette volonté d'entretenir de vraies capacités européennes de projection ont d'autant plus de sens que nos alliés sont aujourd'hui confrontés à de très fortes contraintes budgétaires : les Britanniques ont prévu de réduire de 7,5 % leur budget de défense en 2011, et les Allemands le leur de 14 % sur les cinq prochaines années.

Nous inscrivons donc les coopérations bilatérales de défense ambitieuses que nous relançons avec nos partenaires européens dans cette démarche de mutualisation. Je sais que vous êtes d'ores et déjà pleinement mobilisés en ce sens, puisqu'une première réunion du groupe de travail parlementaire sur le partenariat franco-britannique s'est tenue ici même, au Sénat, le 8 décembre dernier. J'ai reçu il y a quelques jours mon homologue britannique, Liam Fox, et j'ai senti que les Anglais tenaient absolument à mettre en oeuvre les décisions de principe qui figurent dans le traité franco-britannique signé en novembre.

Ma conviction, c'est que nous devons aller plus loin encore, en matière de coopération, d'emploi des moyens militaires développés en commun, mais aussi d'implication de l'Union européenne dans le monde. J'aurai l'occasion de le réaffirmer dans deux jours à Bruxelles à Lady Ashton et au président du Conseil européen, M. Herman Van Rompuy.

Troisième chantier : l'adaptation de notre dispositif sur le continent africain, qui se traduit par la rénovation de nos accords de défense, comme l'avait annoncé le Président de la République. Je sais que vous en avez déjà examiné quatre en commission, dont deux la semaine dernière.

Comme vous le savez, dans l'esprit du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale et à la suite du discours du Président de la République prononcé au Cap, en février 2008, nous avons entrepris une réorganisation profonde de nos forces pré-positionnées en Afrique. Elles s'articuleront dorénavant autour de deux bases opérationnelles avancées, au Gabon et à Djibouti, et d'un pôle opérationnel de coopération, au Sénégal.

Notre premier objectif, c'est d'assurer plus efficacement la sécurité de nos ressortissants. C'est dans cet esprit que nos forces pré-positionnées prennent toute leur part à la lutte contre le terrorisme et se tiennent prêtes à intervenir en cas de menace sur la sécurité de nos compatriotes. J'ai pu constater début janvier, lors de mon déplacement au Niger et au Tchad, combien les communautés françaises en Afrique sont attachées à cette mission de nos armées. En 2008, le dispositif Epervier a assuré l'évacuation de 1 500 de nos ressortissants, mais aussi d'un grand nombre d'Européens et d'Asiatiques présents à Ndjamena, alors que les rebelles envahissaient la ville.

Notre deuxième objectif, c'est d'aider l'Afrique à bâtir son propre système de sécurité collective, mais aussi de soutenir les pays qui souhaitent faire respecter leur souveraineté. C'est tout le sens des nombreuses actions de formation que nous menons au profit d'unités africaines engagées dans des opérations de maintien de la paix.

L'actualité récente nous a montré la pertinence de cette réforme de notre dispositif pré-positionné. Sur le continent africain, deux zones figurent en effet parmi les théâtres qui font en ce moment l'objet d'une vigilance particulière de notre part.

Ces théâtres, je voudrais aujourd'hui en évoquer quatre avec vous.

Le premier, c'est le Sahel, où nous mettons tout en oeuvre pour assurer la sécurité de nos ressortissants. Dans cette région, en collaboration avec d'autres partenaires occidentaux, nous soutenons les États qui en font la demande pour les accompagner dans la lutte contre Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).

Au-delà de cette stratégie de prévention, nous veillons également à adapter notre dispositif pré-positionné à la menace. C'est dans cet esprit que nous l'avons renforcé à la suite à la prise d'otages d'Arlit, le 16 septembre. Cela nous a permis de réagir instantanément au tragique enlèvement de nos compatriotes, Vincent Delory et Antoine de Leocour, le 8 janvier, au Niger. J'ai évidemment une pensée pour leurs familles à qui j'exprime notre compassion et notre solidarité, devant ce drame d'une brutalité et d'une absurdité incommensurables.

Enfin, nous agissons auprès des autorités locales pour leur préciser nos attentes en matière de sécurité de nos ressortissants. C'est dans cet esprit que je me suis rendu à Niamey le 10 janvier pour rencontrer les autorités nigériennes. Lors de ces entretiens, mes interlocuteurs se sont engagés à mettre en place une série de mesures concrètes pour renforcer la protection de nos compatriotes, et ces mesures ont été effectivement prises.

A ce stade, je voudrais répondre de façon précise à votre question, monsieur le président, sur les tragiques évènements du 7 et 8 janvier au Niger. Vous parliez d'obscurités dans la façon dont nous avons rendu compte de ces évènements. La position du gouvernement a été, dès le départ, de jouer la transparence la plus totale. Nous avons dit tout ce que nous savions, au moment où nous le savions. L'enlèvement a eu lieu en plein coeur de Niamey, dans le restaurant « le Toulousain », vers 22 h 30, le 7 janvier. Le véhicule emportant les otages s'est rapidement dirigé vers le nord du pays. Les forces nigériennes sont immédiatement intervenues et ont entrepris de barrer la route au véhicule qui emportait les otages. Un premier accrochage a eu lieu dans la nuit, et un officier de la garde nationale nigérien a été blessé. La poursuite a continué et, quelques heures plus tard, s'est produit un second accrochage dont nous n'avions pas connaissance le jour où je me suis rendu à Niamey, c'est-à-dire le dimanche qui a suivi l'enlèvement. Les autorités nigériennes ne nous en avaient pas, à ce stade, informés. De plus, tous les renseignements n'avaient alors pas pu être exploités, si bien que nous n'avions pu mettre en évidence cet accrochage, qui a eu lieu dans la matinée du 8 janvier, à quelques kilomètres de l'endroit où l'engagement des forces françaises est intervenu. Il a opposé deux véhicules des ravisseurs, dont l'un d'entre eux contenait nos deux otages, et un véhicule de la gendarmerie nigérienne. Nous avons eu un certain nombre d'interrogations sur les circonstances de cet accrochage, qui s'est déroulé en moins de trois minutes, comme le montrent les images dont nous disposons. Les ravisseurs ont arrêté, désarmé et fait prisonniers les gendarmes nigériens qui se trouvaient dans le véhicule de la gendarmerie nigérienne. Certains d'entre eux ont été tués et blessés puis ont été emmenés dans les véhicules ; nous n'avons connu en détail ces évènements que 36 heures après les faits, lorsque les images tournées par nos avions ont pu être interprétées. Quelques heures plus tard, à 5 ou 6 kilomètres de là, intervient l'accrochage avec le dispositif français.

Lorsque les Nigériens se sont lancés à la poursuite des ravisseurs avec la ferme intention de les arrêter, la question s'est posée de savoir ce que nous leur répondions. Fallait-il les aider ou refuser notre aide ? Dans la nuit, le Président de la République, en concertation avec le Premier ministre et moi-même, a considéré que nous ne pouvions pas répondre non : c'était en effet avoir la certitude que nos otages seraient entraînés par leurs ravisseurs dans un de leurs refuges au Sahel, avec toutes les conséquences que l'on connaît. Dire non, c'était également donner un signal de non-intervention, avec le risque de contagion que cela comportait. Nous avons donc donné notre accord pour que nos forces interviennent afin d'aider les Nigériens à intercepter les ravisseurs et leurs otages. Cet accrochage s'est produit vers 11h30 du matin du côté malien. Nous avions obtenu un droit de suite des autorités maliennes.

Nous avons engagé trois hélicoptères : lorsqu'ils sont parvenus au-dessus du site où les véhicules des ravisseurs et le véhicule de la gendarmerie nigérienne étaient abrités sous des bosquets, les ravisseurs ont immédiatement ouvert le feu : nos hélicoptères ont été touchés et un de nos soldats a été blessé. Nos troupes ont riposté, elles ont été mises à terre et un combat d'une grande intensité et d'une faible durée a alors eu lieu entre nos deux unités qui totalisaient 23 militaires et une unité supplémentaire est venue en soutien au cours de l'affrontement. A la fin de cet accrochage, nous avons relevé sur le terrain les cadavres de nos deux otages, trois blessés et trois morts et nous avions de notre côté deux blessés. Antoine de Leocour a été retrouvé à 300 mètres des véhicules, les mains entravées sur la poitrine. Il était visiblement tombé sur le côté après avoir été agenouillé, en position de supplicié, et comme l'autopsie l'a révélé, il a été exécuté à bout portant d'une balle dans la tête. Le deuxième otage, Vincent Delory, a été retrouvé à proximité de l'un des deux véhicules des ravisseurs, une grande partie du corps brûlé, et l'autopsie a fait apparaître cinq impacts de balles, dont il n'est pas établi qu'elles étaient létales, mais qui n'étaient pas des balles françaises puisque provenant de kalachnikov. Sur les trois ravisseurs blessés, l'un d'entre eux est décédé, si bien que nous avons remis aux autorités nigériennes quatre morts et deux blessés. Nous avons considéré, dans un premier temps, que toutes ces victimes étaient des ravisseurs. Les autorités nigériennes ont établi l'identité de ces personnes et nous ont assuré qu'il s'agissait, à l'exception de deux morts, de gendarmes nigériens ; ils portaient un treillis qui serait la tenue de campagne des gendarmes, certains d'entre eux portant sous ce treillis une veste de gendarmerie. Tels sont les faits. Je vous ai dit tout ce que nous savons. Il appartient aux deux enquêtes diligentées, d'une part, par les autorités nigériennes et, d'autre part, par la justice française d'établir les faits dans toute leur certitude et de dissiper les interrogations qui subsistent, mais qui sont réduites : conditions exactes du décès de Vincent Delory et conditions de l'affrontement entre les ravisseurs et des gendarmes nigériens quelques minutes avant l'intervention de nos troupes. Voilà ce que je pouvais vous dire sur ce point. Après avis de la Commission consultative du secret défense, j'ai immédiatement déclassifié les documents et photos sur lesquels elle avait donné un avis favorable.

J'en viens au deuxième théâtre, celui de la Côte d'Ivoire, où la situation reste bloquée depuis le 28 novembre. Pour nous, comme pour le Conseil de sécurité des Nations unies, comme pour l'Union africaine, comme pour l'Union européenne, comme pour la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest, le président légitime est M. Ouattara. Nous l'avons réaffirmé avec beaucoup de force.

L'Union européenne a conforté ses sanctions à l'encontre de 87 personnalités proches de Laurent Gbagbo, dont les avoirs sont gelés, et qui, pour 59 d'entre eux, sont frappés d'une interdiction de visas. La communauté internationale est donc pleinement mobilisée pour faire respecter le vote des Ivoiriens. Pour l'instant, ces sanctions n'ont pas produit leur effet, puisque le statu quo perdure. Nous pensons que c'est par l'application effective de ces sanctions et par leur durcissement éventuel que l'on trouvera une sortie de crise.

Sur le plan militaire, en cas de dérapage sécuritaire, il revient à la force de l'ONU en Côte d'Ivoire, l'ONUCI, d'agir, de s'interposer entre les Ivoiriens et de protéger le gouvernement légitimement élu. L'ONUCI dispose de 10 000 Casques bleus en Côte d'Ivoire, dont 8 000 à Abidjan. Le Conseil de sécurité des Nations Unies a d'ailleurs renouvelé à l'unanimité, fin décembre, le mandat de l'ONUCI pour six mois et vient de voter un renfort de 2 000 hommes supplémentaires pour alléger la pression subie sur le terrain par les Casques bleus.

Dans ce contexte, les 980 hommes de la force Licorne, force déployée depuis septembre 2002 dans le cadre de l'ONU, apportent un soutien à l'ONUCI dans la limite de leurs capacités, conformément à la résolution 1962 du 20 décembre des Nations Unies, mais ils ne prendront pas l'initiative d'une intervention militaire. Si la situation se dégradait, il appartiendrait au Secrétaire général des Nations Unies et au Conseil de sécurité de prendre position et d'en faire, le cas échéant, la demande formelle. La mission de la force Licorne est de garantir la sécurité de nos 15 000 ressortissants. Jusqu'à présent, cette sécurité est assurée. Nous n'avons pas enregistré d'actes hostiles. Mais nous restons extrêmement vigilants, car la situation peut basculer à tout moment, et c'est pourquoi, en complément de la force Licorne, des moyens sont maintenus en alerte en métropole et à partir de notre dispositif pré-positionné en Afrique. En outre, si la force Licorne venait à être attaquée, nous exercerions notre droit à la légitime défense, conformément aux règles internationales.

Troisième théâtre : l'Océan indien. Il y a un mois, la France a transféré aux Espagnols le commandement des forces aéromaritimes de l'opération Atalante de lutte contre la piraterie, qu'elle avait assuré pour la première fois. Notre pays reste cependant le principal contributeur de l'opération et nous essayons de veiller à ce que les autres nations européennes restent solidaires de notre effort. Pour nous tous, cette opération est en effet exemplaire de ce que nous voulons faire ensemble en matière de coopération militaire européenne. Mais nous sommes également tous conscients que l'opération Atalante n'apporte qu'une réponse militaire à la question de la piraterie et nous sommes convaincus de la nécessité pour la communauté internationale, et notamment pour l'Union européenne, de s'impliquer davantage pour résoudre cette crise, car, même si la force Atalante joue un rôle positif, la piraterie ne recule pas. Le marché des rançons est prospère et l'on voit les phénomènes de piraterie se déplacer vers le sud du continent africain, dans le canal du Mozambique, ou même vers les rivages de l'Inde. Les pirates sont aujourd'hui assurés d'une quasi-impunité, puisque, ou bien ils ne sont pas jugés, ou bien, s'ils le sont, ils ne sont pas emprisonnés. L'amélioration du traitement judiciaire des pirates, à travers la création d'un tribunal somalien délocalisé, et la stabilisation de la région sont pour nous des conditions indispensables pour lutter contre ce fléau. A cet égard, je salue la publication du rapport de Jack Lang remis au Secrétaire général des Nations unies, qui, à travers les pistes d'action qu'il propose, apporte une contribution précieuse à cette réflexion. Naturellement, j'évoquerai ce point avec Catherine Ashton, au moment où l'Union européenne procède à une revue stratégique de l'opération Atalante.

Enfin, quatrième théâtre, l'Afghanistan, où je me suis rendu à Noël pour rencontrer les militaires français. Je tiens à exprimer à nouveau devant vous mon admiration devant leur courage, leur professionnalisme et leur engagement. Malheureusement, depuis ma prise de fonction, j'ai assisté trois fois aux obsèques de militaires français tués dans ce pays

Sur ce théâtre, nous arrivons incontestablement à un tournant. A Lisbonne, nous avons défini une stratégie : les 49 nations contributrices à la Force internationale de stabilisation se sont mises d'accord pour transférer progressivement de 2011 à 2014 la responsabilité de la sécurité et du maintien de l'ordre aux forces afghanes. A partir de 2014, nous définirons un partenariat de longue durée avec ce pays, tourné vers la coopération et le développement, et non plus vers l'intervention militaire.

En ce qui concerne les forces françaises, l'objectif prioritaire est d'assurer d'ici la fin du premier semestre 2011 les conditions permettant le transfert aux autorités afghanes de sécurité le district de Surobi, pour nous concentrer sur la Kapisa, région voisine. Ce transfert sera décidé par le gouvernement afghan, en fonction de critères de sécurité et de gouvernance, mais aussi d'un ordre de priorité qui reste à fixer. Les instances décisionnelles se réuniront en février et en octobre prochain pour y procéder.

En tout état de cause, nous veillons attentivement à ne pas annoncer artificiellement la date de retrait de nos forces. Nous attendons d'ailleurs la même patience stratégique de nos partenaires, car la crédibilité de la coalition en dépend.

J'ai été long, mais pas exhaustif. Nous avons de nombreux défis à relever et je mesure chaque jour, sur les théâtres extérieurs, dans les unités, sur le terrain, lors de mes entretiens au ministère, l'engagement des femmes et des hommes de la Défense, alors que nous continuons à mener à bien une réforme structurelle qui est l'une des plus ambitieuses qu'aucune institution administrative française n'ait eu à accomplir. Au-delà même d'une diminution d'effectifs de 54 000 postes, c'est une redistribution complète de nos implantations géographiques sur le territoire qui est actuellement en cours, avec des décisions lourdes à prendre en 2011 et en 2012. Je lis ici ou là, et aujourd'hui encore, que le moral des troupes n'est pas bon. Ce n'est pas ma perception des choses. Je me suis rendu à plusieurs reprises sur le terrain : des inquiétudes naissent naturellement des changements, mais les cadres du ministère ont une compréhension globale du sens de cette réforme, qui vise à rendre notre dispositif plus compact et plus efficace, et à redéployer les économies ainsi réalisées pour améliorer les équipements de nos forces. Je crois donc à une forte adhésion à cette réforme, comme j'ai pu le constater en présidant le Conseil supérieur de la fonction militaire.

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