Sans chercher à accabler quiconque, nous devons tirer les leçons de cette malheureuse affaire de vol survenu au Musée d'art moderne de Paris et qui est la hantise de tous les conservateurs. Permettez-moi de plaider leur cause. Contrairement aux directeurs de théâtre ou d'orchestre, ils n'exercent pas d'autorité hiérarchique sur leur personnel, y compris en matière de discipline, et doivent obtenir l'approbation du conseil pour acheter un simple photocopieur. Certains d'entre eux sont même à la merci de chefaillons qui règlent des comptes. Or la sécurité, invisible quand elle est efficace, coûte cher quand il s'agit de protéger des oeuvres qui, par leur caractère inaliénable, n'ont justement pas de prix. Il n'y a pas de panacée : les musées utilisent différents types de techniques. Vous aurez d'ailleurs l'occasion d'admirer les installations sophistiquées du Musée d'art moderne de Villeneuve-d'Ascq lorsque vous l'inaugurerez, semble-t-il, le 22 septembre : caméras de surveillance dans le parc où est situé le musée et dans les salles, contacteurs sur les vitres, détecteurs de mouvement dans les salles et les couloirs, appareils de détection rapprochée installés sur les oeuvres les plus fragiles, système d'accrochage sécurisé et personnel 24 heures sur 24. Les musées de petites villes, qui ne sont pas soutenus par d'importantes communautés urbaines comme celle de Lille, qui n'a gardé que cette compétence culturelle, n'ont pas les moyens de faire de tant de frais. Outre les intéressantes mesures que vous avez détaillées, il faut donc s'employer à convaincre de l'importance des musées et du rôle des conservateurs, auxquels il faudrait peut-être donner un statut et davantage d'autonomie, eux dont la population se souvient lorsqu'un vol est commis. Il y va du prestige de la République.