Peut-être cela paraîtra-t-il romanesque ou suranné de le dire ainsi, mais la protection des oeuvres, après la visite de Grasse, me hante ! Il y a tant de Grasse en France ! Nous devons trouver de nouvelles pistes, sans nous arrêter à tous ceux qui nous diront qu'elles sont déraisonnables. L'une d'entre elle, que j'étudie avec Mme Pécresse, est de recourir aux étudiants, notamment ceux des écoles d'art : plutôt que de faire du baby-sitting pour obtenir quelques sous, les étudiants feraient du « musée sitting ». J'espère avancer vite sur cette piste prometteuse et remettre une note à la rentrée. Pour protéger nos oeuvres, je ne crois pas à un miracle, mais à un faisceau d'éléments. Le raccordement d'une cathédrale à un commissariat, une plus grande attention des DRAC au sujet, tout cela ne suffira pas.
Permettez-moi une anecdote sur le trafic international des oeuvres d'art. Un milliardaire étranger à la réputation controversée a acquis une très belle commode auprès d'un grand antiquaire français, pour plusieurs millions d'euros. Celle-ci a été soumise aux restrictions d'usage : elle ne devait pas quitter le territoire français. Affectant d'ignorer notre législation, il a fait porter ladite commode dans un appartement à Monaco. De là, il comptait la faire transporter dans son palais du XVIIIe siècle, tout de béton brut, récemment érigé à Kiev. Nous avons réussi à bloquer le processus ! C'est dire toutes les formes que peut prendre le trafic illicite des oeuvres d'art !
A Bruxelles, il existe un groupe de travail, présidé par la France et l'Italie, sur la mobilité des collections et la lutte contre le trafic de biens culturels. Il manque, il est vrai, un dispositif coercitif. Nous pourrons signer toutes les conventions de l'Unesco, elles n'auront pas d'effets tant qu'il n'y aura pas de suivi !