En réponse, M. Henri Bourguinat a évoqué un article publié par M. Paul Samuelson, prix Nobel d'économie, dans le « Journal of Economic Perspectives » de l'été 2004. Selon cet article, dans certains cas, il conviendrait, pour analyser l'impact de l'ouverture au commerce international sur l'économie d'un Etat, de distinguer deux « actes », comme dans une pièce de théâtre. Dans l' « acte I », deux Etats (par exemple, les Etats-Unis et la Chine) s'ouvrant au commerce national verraient leur revenu fortement augmenter, chacun se spécialisant dans les produits pour lesquels son avantage comparatif était le plus grand, conformément à la théorie classique du commerce international. L'augmentation de la productivité d'un Etat dans les produits dans lesquels il disposait initialement d'un avantage comparé bénéficierait également à l'autre Etat, du fait de la diminution de leurs prix relatifs. En revanche, dans l' « acte II », un Etat (en l'occurrence, la Chine) pourrait voir sa productivité fortement augmenter pour les produits dans lesquels il ne s'était pas initialement spécialisé, faute d'avantage comparatif, au point de faire disparaître tout intérêt à commercer pour son partenaire, soit, dans l'exemple retenu, les Etats-Unis. M. Henri Bourguinat a considéré, en conséquence, que le commerce international présentait des risques qu'il ne fallait pas sous-estimer, et que les Etats développés devaient éviter de se spécialiser dans les seuls produits de haut de gamme ou à fort contenu technologique, qui pourraient bientôt également être produits par les actuels pays « émergents ». Il y a vu une application de la théorie des « économies complexes », théorie qui avait été popularisée par certains économistes dans l'entre-deux-guerres.