Au cours d'une seconde séance tenue dans l'après-midi, la commission a entendu M. Jean-Paul Bailly, président du groupe La Poste.
Après avoir rappelé le vif intérêt des élus pour les questions touchant à l'avenir de La Poste dans leurs territoires et remercié M. Jean-Paul Bailly d'avoir accepté d'être auditionné par la commission des affaires économiques, M. Jean-Paul Emorine, président, a souhaité, à titre liminaire, recueillir son sentiment sur l'évolution des activités du groupe dans le cadre de l'ouverture à la concurrence européenne et dans le contexte actuel de crise financière.
s'est félicité de cette audition qui intervient à un moment important, après le dépôt du rapport de M. Ailleret sur l'avenir de La Poste, et avant la discussion, dans le courant de cette année, d'un projet de loi postale.
Dressant un rapide panorama du groupe La Poste, il en a rappelé les quatre missions de service public : service universel postal, contribution à l'aménagement du territoire, distribution de la presse et accessibilité bancaire. Soucieux de garantir le respect et la pérennité de ces missions auxquelles ils sont très attachés, les parlementaires les ont définies à travers un cahier des charges inscrit dans la loi relative à la régulation des activités postales de 2005 et la loi de modernisation de l'économie de 2008.
Si les missions de service public sont donc bien garanties dans leur principe, il convient néanmoins de rester attentif aux moyens dont le groupe dispose pour leur mise en oeuvre, et en particulier à leur financement. C'est la dynamique vertueuse d'amélioration du résultat de La Poste et de hausse des investissements du groupe qui constitue véritablement la meilleure garantie du service public postal.
a ensuite rappelé que l'entreprise était un groupe uni et diversifié employant près de 300 000 personnes, dont 15 000 hors de France ; il génère un chiffre d'affaires annuel s'établissant à 21 milliards d'euros et provenant, comme ordre de grandeur, à 50 % de l'activité courrier, 25 % du colis express et 25 % de la banque. La diversification des secteurs d'activité constitue un atout certain en période de récession car, confrontée à la baisse de l'activité courrier due à la crise, La Poste peut ainsi compter sur trois relais de croissance : le développement de l'offre des prestations liées à l'activité courrier des entreprises, les services de colis express et les activités bancaires.
La Poste doit désormais faire face à trois enjeux majeurs :
- l'ouverture à la concurrence, qui concerne depuis le 1er janvier 2009 le Livret A et s'étendra au 1er janvier 2011 à tous les services de courrier ;
- les effets de la crise économique, qui se font ressentir par ricochet, les grands clients du courrier et du colis express (85 % du chiffre d'affaires) réduisant fortement leurs frais, tandis que certains secteurs, comme la vente à distance, sont en grande difficulté ;
- les mutations technologiques, et notamment le basculement des usages vers le « multicanal » (internet, offres dématérialisées ...), qui ont un fort impact sur l'activité des bureaux de poste.
Pour répondre à ces défis, M. Jean-Paul Bailly a expliqué que La Poste avait mis en place un projet industriel de développement dans chacun des métiers du groupe.
Le plan « cap qualité courrier » prévoit de mobiliser 2,7 milliards d'euros dans la modernisation du travail des facteurs et de la distribution. Il est essentiel pour pouvoir bénéficier à plein du marché porteur des entreprises européennes qui « externalisent » la gestion de toute leur chaîne de correspondance (fichiers de contacts, fabrication des plis, transport, retours, archivage).
Les capacités de traitement des colis doivent être améliorées et les modalités de distribution et de service modernisées (livraisons sur des horaires étendus, non seulement à domicile mais aussi sur les lieux de travail, dans des points relais.... ; pilotage en aval par le client final, et non plus en amont par le distributeur).
Pour le secteur de l'express, la position du groupe, numéro deux européen, devra être confortée, avec des efforts particuliers dans les pays du sud de l'Europe.
Le développement de l'enseigne passera par une modernisation des bureaux de poste, à laquelle seront affectés les investissements décidés dans le cadre du plan de relance gouvernemental.
Devenue banque de détail à part entière, la Banque postale a conforté son image de sérieux auprès de clients soucieux de trouver un établissement épargné par la crise financière. L'objectif est désormais de fidéliser ces nouveaux clients et de pouvoir offrir une gamme complète de produits à destination des particuliers.