Intervention de Anouar Hassoune

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 14 mai 2008 : 1ère réunion
Finance internationale — Finance islamique - table ronde consacrée à l'intégration de la finance islamique dans le système financier global

Anouar Hassoune, vice-président de Moody's :

a qualifié la finance islamique de compartiment de la finance éthique en rappelant qu'elle contribuait, avant tout, à nourrir l'économie réelle.

Procédant à l'aide d'une vidéo-projection, il a évoqué l'historique de la finance islamique, créée à Dubaï en 1975 et dont le taux de croissance a atteint, en 2007, près de 26 %. Les actifs s'élèvent globalement à 5.000 milliards de dollars et le dynamisme de la finance islamique repose essentiellement sur le marché des « sukuk », particulièrement actif en Malaisie.

Bénéficiant à l'origine des surliquidités du Golfe persique liées au prix du pétrole et renforcées par les effets du 11 septembre, la finance islamique s'est orientée depuis les années 1990 vers la clientèle des particuliers.

Actuellement, 90 % de ses actifs sont portés par des banques, mais l'évolution devrait conduire à une désintermédiation et à la captation d'une large part du marché par des fonds.

Revenant sur les cinq principes de la Charia, M. Anouar Hassoune a estimé qu'il fallait donner une plus grande importance aux deux principes « positifs » que sont le partage des pertes et des profits et l'adossement des financements à un actif tangible.

Il a ensuite détaillé par zone géographique les marchés de la finance islamique dont les potentialités, au niveau mondial, peuvent être évaluées entre 4.000 et 5.000 milliards de dollars, le taux de pénétration actuel des produits islamiques au regard de l'ensemble des liquidités disponibles étant estimé à 12 %.

Il s'est interrogé sur les paradoxes de la situation française caractérisée, face aux opportunités offertes, par une faible part de pénétration des grandes banques françaises dans la finance islamique, un retard relatif dans le développement de produits conformes à la Charia, et l'absence d'une offre de banque de détail islamique, alors qu'existe une vaste communauté musulmane.

Il s'est toutefois réjoui de récentes initiatives, comme l'autorisation de la commercialisation d'OPCVM explicitement islamiques, l'introduction de la fiducie dans le droit français ou les réflexions d'Europlace sur la suppression des « frottements fiscaux » existants.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion