Intervention de François Bujon de l'Estang

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 15 mai 2008 : 1ère réunion
Finance internationale — Fonds souverains - table ronde sur la stratégie d'investissement des fonds souverains : rentabilité à long terme ou contrôle sectoriel

François Bujon de l'Estang :

Revenant sur l'historique des fonds souverains, M. François Bujon de l'Estang a souligné la création ancienne de plusieurs d'entre eux, comme la Kuweit Investment Authority en 1953 ou Temasek à Singapour en 1974.

Il a ensuite établi une classification des fonds souverains en cinq catégories, selon leur gestionnaire :

- des fonds relevant des banques centrales ;

- des fonds souverains ayant pour but la stabilisation du cours des matières premières, comme le fonds de stabilisation russe, financé par les exportations d'hydrocarbures ;

- les fonds souverains ayant principalement un rôle de préservation des ressources en matières premières afin de réaliser des investissements dans l'économie nationale, tel que l'Abou Dhabi Investment Authority des Emirats Arabes Unis ou le fonds de pension du gouvernement norvégien ;

- des fonds gouvernementaux jouant principalement un rôle d'investisseur, comme la Mubadala Development Company des Emirats Arabes Unis ;

- enfin, d'autres groupes ou entreprises combinant une propriété publique et un rôle d'investisseur, et qui peuvent donc être ainsi assimilés à des fonds souverains, à l'image de Gazprom.

S'agissant de l'activité des fonds souverains, M. François Bujon de l'Estang a souligné que la plupart d'entre eux procédaient désormais à des investissements plus risqués, et que leurs activités tendaient à se diversifier, à l'instar de la Qatar Investment Authority, qui recourait également à des opérations à effet de levier, c'est-à-dire incluant de la dette et offrant des possibilités de retour élevé sur investissement.

Puis il a montré que les choix de localisation géographique des interventions des fonds souverains auraient un effet différencié sur la croissance des pays les plus anciennement industrialisés, l'impact sur le taux de croissance mondiale étant proportionnellement plus élevé en cas d'investissement dans des pays émergents tels que la Chine ou l'Inde.

Il a dressé un bilan des bénéfices potentiels et des menaces supposées que comportait le développement des fonds souverains. D'une part, il a souligné qu'il s'agissait d'investisseurs de long terme ayant un faible endettement et qui permettaient non seulement de bénéficier de l'apport de capitaux étrangers, mais encore d'accroître les possibilités d'entrée sur des marchés émergents, sous réserve de réciprocité. D'autre part, il a relevé que des règles de transparence et de gouvernance devaient être adaptées aux fonds souverains, présents dans des secteurs stratégiques, et qu'ils représentaient une forme de renationalisation par l'entrée au capital d'entreprises privées d'investisseurs publics ou contrôlés par les pouvoirs publics.

Il a ainsi mis en garde contre tout réflexe défensif vis-à-vis des fonds souverains, évoquant les réticences des pouvoirs publics, notamment vis-à-vis des fonds souverains des pays d'Extrême-Orient, alors qu'ils offraient des opportunités de placement stable et à long terme.

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