Après avoir évalué les actifs sous gestion des fonds souverains entre 3.600 et 4.200 milliards de dollars actuellement et, d'ici à 2015, à 12.000 milliards de dollars, M. Pierre-Ignace Bernard, directeur associé de McKinsey & Co, procédant à l'aide d'une vidéo-projection, a entendu relativiser l'importance de ces réserves à l'échelle des classes d'actifs financiers internationales. La capitalisation boursière des marchés mondiaux d'actions représente ainsi 50.300 milliards de dollars, la gestion collective 48.100 milliards de dollars, et les émissions obligataires du secteur privé 42.800 milliards de dollars. De même, les transactions des fonds souverains constituent une partie infime des volumes annuels de négociation sur les marchés financiers mondiaux : 0,06 % du volume global de négociation et 0,43 % des transactions sur les marchés d'actions.
Une estimation de la répartition des encours des fonds souverains, par classe d'actifs et par zone géographique, révèle également que les prises de participation potentiellement « actives » au capital de sociétés étrangères demeurent nettement inférieures, avec 200 milliards de dollars, aux participations de nature équivalente dans des sociétés domestiques (1.936 milliards de dollars). Tant qu'un écart significatif de performance n'était pas anticipé, on ne peut sans doute guère s'attendre à un basculement important des investissements à caractère passif vers des investissements actifs, et des marchés domestiques vers ceux étrangers. Il a ajouté qu'avec 24 %, les participations des fonds souverains représentaient une fraction minoritaire du montant global des opérations de fusions-acquisitions des pays émergents vers les pays industrialisés (environ 174 milliards de dollars), mais proportionnellement plus élevée si l'on se rapportait aux 15 principales opérations.
La réalisation d'investissements pour un montant élevé et une part significative du capital pouvait, en revanche, exercer un effet éventuellement perturbant. M. Pierre-Ignace Bernard a dès lors évoqué trois pistes de solutions « minimalistes » pour améliorer l'acceptabilité des fonds souverains :
- l'articulation des modes de gouvernance des fonds : principes de la relation des fonds souverains avec le gouvernement, composition du conseil d'administration, approche des décisions d'investissement et de la gestion des risques, règles de gouvernance interne assurant l'intégrité des décisions prises ;
- la formalisation des procédures opérationnelles des fonds, c'est-à-dire de leur politique d'investissement, qui doit définir l'objectif des positions financières les plus significatives, et de leur mode d'implication éventuellement envisagé dans la gestion des sociétés rachetées ;
- enfin et dans un objectif de transparence, une meilleure communication des fonds sur leurs sources de financement et leurs objectifs d'investissement, les principes directeurs d'interaction avec les sociétés rachetées, leur structure de gouvernance et le rôle du gouvernement.