Intervention de Igor Noskov

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 15 mai 2008 : 1ère réunion
Finance internationale — Fonds souverains - table ronde sur l'acceptabilité et la redevabilité des fonds souverains aux etats-unis en europe et en france

Igor Noskov, conseiller financier à l'ambassade de la Fédération de Russie en France :

a fait part de son regret que le débat actuel sur les fonds souverains se soit déplacé du terrain économique au plan politique. Il a estimé que l'accueil réservé à un fonds souverain était fonction de l'image de son pays de rattachement.

Il a rappelé l'évolution très rapide qu'avait connue la Russie, d'une économie centralisée à une économie de marché. Selon lui, le pays s'est ouvert et continue de s'ouvrir aux investissements étrangers. Parallèlement, la hausse du prix des ressources naturelles a assuré à la Fédération des réserves de change qui alimentent son Fonds de stabilisation. Celui-ci est divisé en deux parts :

- d'une part, un « fonds de réserve », destiné à amortir d'éventuels chocs budgétaires (125,4 milliards de dollars au 1er avril 2008) ;

- d'autre part, un « fonds du bien-être national », ayant pour but de faire fructifier une partie des recettes énergétiques du pays, notamment par des investissements directs à l'étranger (32 milliards de dollars au 1er avril 2008).

Il a indiqué que les deux fonds étaient dirigés par le ministère russe des finances, la gestion de certaines opérations pouvant être déléguée à la banque centrale ou à des établissements financiers. Cette gestion vise à garantir l'intégrité des moyens des fonds et la stabilité des revenus issus de leurs placements, dans une perspective de long terme. Sur cette gestion, le ministre des finances produit des rapports réguliers au gouvernement, qui en rend compte au Parlement.

Il a jugé que, dans le contexte de la crise financière actuelle, l'activité des fonds souverains, dont les investissements s'inscrivaient traditionnellement dans le long terme, pouvait contribuer à restaurer la confiance des acteurs du marché. Il a reconnu que l'importance des liquidités dont disposaient ces fonds les poussait à présent à réorienter leur politique d'investissement, en privilégiant les placements les plus rentables. Mais, selon lui, les analyses véhiculées par la presse économique, notamment française, sur le « danger » qu'ils représenteraient pour les économies occidentales, étaient excessives. Il a souligné que les organisations économiques internationales, comme le FMI, la Banque mondiale ou l'OCDE, s'accordaient à reconnaître leur rôle positif en termes de normalisation des marchés financiers. Aussi, il a appelé au respect des règles de libre concurrence et à l'abandon des velléités protectionnistes qui pouvaient se faire jour à l'encontre des fonds souverains.

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