Parmi les constats que vous avez dressés, je retiens que vous déplorez que l'on voie se dégrader les formations en histoire et se réduire les horaires d'enseignement, que soit minimisée la place de la chronologie dans les programmes. Je suis contente de vous l'entendre dire.
Une bonne part des archives restera sur place, nous confirmez-vous, je m'en réjouis. Comme de la place accordée à la mise en réseau, à la recherche, à l'utile confrontation des points de vue. Pour avoir longuement visité les Archives, avec des enseignants, je sais l'importance de cette institution.
Vous annoncez des États généraux, tant mieux. Mais n'y a-t-il pas quelque paradoxe à débattre une fois les décisions prises : où est, à ce compte, la démocratie ?
Si les établissements retenus pour former le réseau sont honorables, j'y vois pourtant quelque contradiction avec le concept de Maison de l'Histoire de France. Car les contours de cette histoire ont bien changé. L'histoire de France, partie à l'histoire de l'humanité, c'est aussi celle de son peuple, celle de la société française. À ce titre, il eût été tout aussi légitime de retenir, parmi les institutions rattachées au réseau, l'écomusée de Marquèze, qui témoigne de la vie rurale ou le musée du textile et de la vie sociale de Fourmies, témoignage des débuts de l'ère industrielle.
En l'état de nos finances, est-il bien raisonnable de s'engager dans une entreprise si onéreuse ? Une entreprise bien centralisatrice, aussi, à l'heure où décentralisation, interactivité, école équitable doivent nous être des mots d'ordre ? Lors d'une visite à l'Inra, on nous a présenté des tableaux numériques interactifs mis à disposition des écoles. Il me semble que de telles initiatives répondent mieux à votre souci que la création d'un musée parisien.
Je crains, de surcroît, une colonisation de l'espace nécessaire aux Archives. Car il faut savoir que nombre des locaux du quadrilatère, au contact de la nappe phréatique de surface, sont insalubres. Les remettre aux normes coûtera très cher... et je crains que la Maison de l'Histoire de France n'en vienne à s'installer dans la grande galerie, dont les Archives ont grand besoin : les deux tiers de ses boîtes sont d'un format plus réduit que les documents qu'elles protègent : il faut changer de format afin de les déplier, ce qui exige de la place. Rien n'est dit, enfin, du sort des ateliers de reliure, éminemment précieux.