Je suis toujours surpris de voir revenir l'éternelle question de l'enseignement de l'histoire, dont on disait déjà, lorsque j'ai commencé ma carrière, dans les années 1970, qu'il se détériorait (M. Ivan Renar le confirme).
Avec quarante ans de métier, je puis dire que l'histoire est une science mais aussi un art. L'histoire n'est pas un roman, mais elle est aussi un roman. On lit toujours Michelet quand on a oublié Guizot. Gardons-nous, par conséquent, de nous placer sous la tyrannie des écoles historiques. Il est vrai que l'histoire est celle des sociétés, mais elle est aussi celle des rois, des généraux, des savants qui l'ont mue : gardons-nous de la dépouiller de sa chair. Sans parler de galerie chronologique mouvante ou de multiperspectivité, je dirai plus simplement qu'il nous faut un musée qui vive. Il ne s'agit pas d'ériger le vase de Soisson ou Saint Louis sous son chêne en icônes, mais d'en faire les occasions de relayer les interrogations. J'ai visité le nouveau musée du Risorgimento, à Turin, né du 150e anniversaire de l'unité italienne. Expérience passionnante, qui témoigne que l'Histoire est aussi faite de grands hommes.