Merci à Mme Dumas de son important travail ; il est de notre rôle de prendre la parole sur la Maison de l'Histoire de France.
Après avoir entendu vos débats, permettez-moi quelques observations. Dans certains pays, raconter l'histoire nationale à travers un musée est une tradition. En France, le roi Louis-Philippe avait installé un musée à toutes les gloires de la France à Versailles ; Napoléon III avait eu des projets. Au Palais du Luxembourg, il suffit de lever la tête pour lire le roman national de Napoléon III dans les peintures de la Salle des Conférences. Il n'est nullement question de transposer cette tradition au XXIe siècle. Ce serait pour le moins curieux ! La IIIe République, elle, a privilégié l'enseignement de l'histoire à l'école ; un roman national aussi, mais version républicaine. L'organisation d'états généraux porterait, non sur le projet de musée, mais sur l'enseignement de l'histoire : comment améliorer son enseignement, notamment en utilisant les technologies modernes ? Quelle place lui est donnée dans nos musées ? De fait, l'histoire s'étale aussi dans les musées des beaux-arts ou encore au Quai Branly qui retrace les rencontres de notre pays avec des civilisations tout à fait différentes. L'objectif n'est pas de sacraliser une histoire officielle transmise à tous les Français avec l'obligation de l'apprendre et d'y croire. L'histoire doit être écrite par les historiens, dans leur diversité. Il est bon que les écoles historiques dialoguent et débattent. L'École des Annales, pour laquelle j'ai le plus grand respect, a quelque peu oblitéré la chronologie. Je crois à une chronologie mouvante dont ressortiraient quelques grandes dates. Au reste, nous pourrions également débattre des commémorations ; elles sont parfois piège. On l'a vu récemment avec l'affaire Céline. Le rapport a le mérite de souligner l'existence de ces deux approches historiques.
Ensuite, la matérialisation du projet. Des incertitudes pèsent sur son coût. S'il doit se réaliser, nous devrons nous en donner les moyens sans le limiter à l'installation de la Maison, quel que soit l'endroit retenu. Ce projet devra engager tout un réseau. Je regrette que les « maisons socles », si l'on peut dire, s'arrêtent à la fin du règne de Napoléon III. Certes, plus l'on approche du contemporain, plus les engagements et passions affleurent. Néanmoins, peut-on ignorer la IIIe, la IVe et la Ve République ? Il faudra considérer les sites à labelliser.
Que le Parlement, dans sa diversité politique, continue à s'associer à la mise en oeuvre de cette Maison de l'Histoire de France évitera les suspicions quant à une éventuelle utilisation unilatérale de l'histoire.