C'est trop, je sais, mais personne n'a jamais voulu reprendre le flambeau ! Cette longue expérience m'a fait découvrir les arcanes d'un budget complexe, et surtout la grande qualité des personnels de la défense.
Vous disposez avec le remarquable rapport écrit d'un travail accompli et complet, auquel vous pouvez vous fier. Il faudra interpeller le ministre sur les engagements de la France hors de nos frontières, sur la grande réforme de nos armées, sur la perspective d'une défense européenne, indispensable à nos vieux pays à court - et non à bout - de souffle. Je partage nombre des critiques émises par Yves Krattinger : sur le nécessaire respect de la loi de programmation militaire, sur les programmes majeurs, sur le renouvellement du matériel, sur les ressources exceptionnelles liées aux cessions de fréquences hertziennes et aux opérations immobilières, ainsi que sur les gels de crédits : 167 millions d'euros ont été annulés en première délibération ! Ces critiques sont récurrentes : je me souviens d'échanges très vifs avec Alain Richard, alors ministre de la Défense, sur le respect de la programmation militaire ! Les sujets de déception sont réels : l'amélioration de la condition militaire est insuffisante, les Opex dépassent nos capacités financières et humaines, des interrogations subsistent sur certains grands choix stratégiques.
La critique est indispensable, mais en s'en remettant à la sagesse du Sénat, la majorité restreint le débat : l'opinion ne retiendra que ce refus de se prononcer ! Pensez-vous que la France puisse se passer d'une défense, d'une armée, des moyens d'assurer sa sécurité extérieure ? Sans budget de la défense, point de présence dans le monde, point d'influence dans le concert des nations, point de voix au conseil de sécurité de l'ONU ! Je suis sûr que la majorité d'entre vous en convient.
S'en remettre à la sagesse n'est pas une politique responsable ! À moins que vous ne rejetiez ces crédits pour marquer votre détestation de la politique du Gouvernement, et parce que vous espérez qu'une telle posture vous servira pour 2012 ? Mais gare : en matière de défense, il n'est pas dit que l'opinion publique vous suive ! En escamotant le budget de la défense, vous évitez aussi d'évoquer le nucléaire militaire, pourtant incontournable, mais qui risque, il est vrai, de contrarier certains de vos partenaires... Ne pas voter ces crédits, c'est envoyer au feu des pompiers sans leur matériel de survie. Vous comprendrez que je donne un avis favorable à l'adoption des crédits du budget de la défense nationale, qui n'est pas un budget comme les autres !