Intervention de Abdullah Abdullah

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 24 février 2010 : 1ère réunion
Audition du dr abdullah abdullah ancien ministre des affaires étrangères d'afghanistan et candidat à l'élection présidentielle de 2009

Abdullah Abdullah :

a souligné que la volonté politique et l'exemplarité des dirigeants étaient la clé de la lutte contre la corruption, avant même l'instauration d'une réglementation. En l'absence de dispositif anticorruption, il faut donner le pouvoir de contrôle au peuple. C'est ce qu'avait fait le commandant Massoud dans la vallée du Panshir où l'on ne rencontre pas de problèmes de corruption, de trafic de drogue et de criminalité. Le gouverneur de cette province exerce pleinement les pouvoirs qui lui sont octroyés, mais il ne peut opprimer le peuple au service duquel il est. Les dirigeants politiques doivent montrer l'exemple. On ne peut convaincre le peuple que le gouvernement lutte contre la corruption si ses membres sont corrompus.

Le Dr Abdullah Abdullah a rappelé que le programme politique qu'il avait proposé lors des élections présidentielles, et qui est repris dans la plate-forme du mouvement qu'il dirige, promeut une décentralisation des pouvoirs au bénéfice des provinces. Cette décentralisation refléterait le pluralisme du système, le multiculturalisme, le multilinguisme et même les différentes religions qui caractérisent la diversité afghane. De plus, cette décentralisation serait mieux à même de traiter les questions de corruption. Aujourd'hui, les décisions sont centralisées à Kaboul. À titre d'exemple, les nominations dépendent des liens qu'entretiennent les candidats avec ceux qui décident dans la capitale. Cette situation ne permet pas, sauf exception, de désigner les personnes les plus compétentes et les mieux à même de promouvoir le bien public. C'est par exemple le cas pour les maires qui sont nommés. Enfin, la centralisation des désignations ne tient aucun compte de la diversité des situations entre les provinces. Il n'est pas étonnant que le président Karzaï soit très fortement opposé à toute proposition de décentralisation des pouvoirs.

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