Le collectif du 4 février fait suite à une lettre ouverte à nos éditeurs que nous avons publiée dans Le Monde en décembre dernier avec Hervé Letellier et trois autres écrivains. Nous avons ensuite organisé un colloque le 4 février à la société des gens de lettres, où nous avons fait salle comble, réunissant des auteurs très déterminés et désireux de voir la situation évoluer. Je suis, comme tous les auteurs, favorable à un prix unique du livre numérique pour autant qu'il s'applique de manière internationale car le défaut de prix unique à l'international signifierait la condamnation immédiate de l'édition française.
Les auteurs demandent un débat raisonnable et raisonné avec les éditeurs sur l'ensemble du problème numérique. Il est évident que les éditeurs ont besoin de leurs auteurs. Que peut-il se passer ? Imaginez demain qu'Apple décide de s'installer éditeur. Il donne aujourd'hui 70 % du prix de vente d'un texte numérisé. A l'avenir, si les éditeurs ne valident pas leurs auteurs et vice-versa comme des instances d'identification et de marquage de leur travail, nous nous trouverons confrontés à de grandes difficultés face à ces grandes sociétés internationales diffusant du texte de façon universelle. Nous devons donc mener une réflexion avec nos éditeurs sur le fond et pas uniquement sur le montant « féérique » du contrat, en nous plaçant dans un contexte d'inter-validation de nos activités. A défaut, nous courrons au devant de graves dangers. Le plus court chemin du lecteur électronique vers un texte n'est pas l'éditeur ni le libraire de quartier mais le nom de l'auteur, le titre de l'ouvrage voire du serveur. La transaction se déroule de manière extrêmement rapide. J'en appelle donc à la solidarité entre auteurs et éditeurs et à un débat de fond sur l'édition électronique.
S'agissant du texte de loi, je déplore, comme les représentants de la SGDL, le tour de passe-passe qui a fait disparaître la mention de juste rémunération des auteurs, d'autant que cette notion, relativement grave, ne faisait pas peser un poids insupportable à l'édition mondiale. Cette loi nous semble par ailleurs dangereuse dans la mesure où elle propose un prix unique du livre qui n'inclut pas certains territoires et une certaine extraterritorialité.