Nous avons beaucoup parlé de confiance et de prudence. Il conviendrait aussi de parler de transparence. Les auteurs connaissent parfaitement le modèle économique du livre papier, modèle dans lequel la place de l'éditeur, entre le libraire, le lecteur et l'imprimeur se justifie depuis Diderot. Le circuit du livre numérique se révèle extrêmement différent. Plus d'investissements en papier, plus de distribution aberrante.
Les auteurs jeunesse et littérature constituent une petite partie de l'édition mais « labellisent » les éditeurs. Ces auteurs travaillent six mois à un an sur un livre alors qu'il faut aux éditeurs un à deux mois de travail pour les corrections, qui coûtent de 500 à 1 000 euros. Or, les auteurs sont payés de trois à cinq fois moins. Il existe un réel danger de rupture du contrat de confiance et d'affection entre les auteurs et les éditeurs. A l'avenir, les acteurs américains pourraient développer un circuit parallèle sur lequel nous ne disposons d'aucune visibilité. Aujourd'hui aux États-Unis Amazon vend un livre sur deux en numérique. Apple présente l'Apple n° 2. Des modifications extraordinaires du circuit du livre vont se produire dans les cinq prochaines années, qu'il s'avère impossible de prédire. Or, le lecteur est le grand absent de ce débat. Il nous faut une visibilité sur le coût réel du livre numérique. Il apparaît des études que les auteurs sont les plus lésés. Nous ne souhaitons pas représenter les variables d'ajustement d'une économie du numérique dans laquelle nous serions rémunérés à des tarifs tellement faibles que le risque existe que les grands auteurs quittent le circuit. Tel est d'ailleurs déjà le cas puisque Marc Levy a repris ses droits numériques.