Intervention de Alain Le Roy

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 13 février 2008 : 1ère réunion
Union européenne — Audition de M. Alain Le roy ambassadeur chargé du projet d'union pour la méditerranée

Alain Le Roy :

a tout d'abord indiqué que le projet d'Union pour la Méditerranée était fondé sur une série de constats très simples. Avec un PIB de 30 000 dollars par an et par habitant en moyenne sur la rive nord et de moins de 3 000 dollars en moyenne pour la rive sud, la Méditerranée est la région du monde où les écarts de richesse sont les plus importants pour des pays voisins. La seule stabilisation du taux de chômage au sud de la Méditerranée exigerait, selon l'OCDE, la création de 40 millions d'emplois dans les quinze prochaines années. Enfin, si les Etats-Unis consacrent 20 % de leurs investissements directs à « leur sud », notamment au Mexique et en Amérique du sud, et le Japon, 25 % à son « propre sud », l'Europe consacre, quant à elle, moins de 2 % de ses investissements à la rive sud de la Méditerranée.

Ainsi que l'a souligné le Président de la République, la Méditerranée n'est pas seulement notre passé, elle est aussi notre avenir.

a noté que ce diagnostic n'était pas nouveau, et qu'il avait directement conduit à la mise en oeuvre du processus de Barcelone, mais aussi de différentes enceintes de coopération, comme le dialogue « 5 + 5 » ou encore le forum méditerranéen. Ces instruments existent, mais les objectifs qu'ils se sont fixé n'ont été que très partiellement atteints. Ainsi, seule, une faible part des objectifs fixés par la déclaration de Barcelone a été remplie.

Evoqué dès février 2007 par M. Sarkozy, candidat à la présidence de la République, dans son discours de Toulon, le projet de l'Union pour la Méditerranée innove par sa méthode, en proposant une union de projets et de solidarités concrètes qui, toutes proportions gardées, s'inspirerait de la méthode Jean Monnet. Il s'agit, en quelque sorte, de trouver « le charbon et l'acier » de la Méditerranée.

a ensuite évoqué les sujets de consensus. Aucun pays ne conteste qu'il faille faire plus pour la Méditerranée. La méthode de projets et de solidarités concrètes, la géométrie variable des projets et les thématiques retenues, comme l'environnement et l'énergie, sont des sujets d'accord avec nos partenaires.

Le projet fait, à la fois, l'objet d'une très forte attente et d'une très forte adhésion, le Président de la République ayant réaffirmé sa vocation globale lors du discours de Tanger du 23 octobre 2007.

a indiqué que vingt-deux des vingt-cinq pays riverains de la Méditerranée, liste qui comprend les quasi-riverains que sont le Portugal, la Mauritanie et la Jordanie, avaient déjà réagi favorablement au projet. Trois n'avaient pas encore fait part de leur position : le Liban et la Syrie qui, il est vrai, ont à l'heure actuelle d'autres priorités plus immédiates ; la Turquie, qui a réservé, de prime abord, un accueil défavorable au projet, craignant que la participation à l'Union pour la Méditerranée ne lui soit proposée comme substitut à l'adhésion à l'Union européenne. L'appel de Rome a cependant clairement précisé que cette initiative ne devait pas interférer avec les négociations d'adhésion de la Turquie. De surcroît, de nombreux projets pourraient intéresser ses entreprises et il semble que la position turque évolue favorablement. Enfin, lors de la réunion du 20 janvier 2008, les ministres des affaires étrangères du dialogue « 5 + 5 » se sont félicités du projet dans leur déclaration finale et lui ont apporté leur soutien.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion