Intervention de Jean Arthuis

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 1er février 2006 : 2ème réunion
Entreprises — Compte rendu de l'entretien de m. jean arthuis président avec m. lakshmi mittal président-directeur général de mittal steel

Photo de Jean ArthuisJean Arthuis, président :

Au cours d'une seconde séance tenue dans l'après-midi, la commission a entendu M. Jean Arthuis, président, rendre compte de l'entretien qu'il avait eu avec M. Lakshmi Mittal, président-directeur général de Mittal Steel, le mardi 31 janvier 2006, à la demande de ce dernier.

a tout d'abord brièvement évoqué le parcours professionnel de M. Lakshmi Mittal, commencé en Indonésie en 1976 et qui, au moyen d'acquisitions et de restructurations d'entreprises, l'a conduit à diriger un groupe sidérurgique dont la production est passée de 30.000 tonnes à 70 millions de tonnes en une trentaine d'années. M. Jean Arthuis, président, a souligné que ce groupe, présent dans de très nombreux pays, et coté aux bourses de New York et d'Amsterdam, n'en restait pas moins un groupe familial, la famille Mittal possédant 88 % de son capital.

Evoquant plus particulièrement son entretien de la veille avec M. Lakshmi Mittal, M. Jean Arthuis, président, a fait état des propos de son interlocuteur qui croyait à la nécessité d'un rapprochement des groupes Mittal et Arcelor du fait, d'une part, de leur grande complémentarité, et d'autre part, de la qualité du réseau de distribution d'Arcelor qui, selon M. Lakshmi Mittal, pourrait permettre au nouvel ensemble, s'il devait voir le jour, de réaliser des économies de l'ordre d'un milliard de dollars par an. Il a ensuite déclaré que M. Lakshmi Mittal lui avait confié avoir essayé de convaincre M. Guy Dollé, président directeur général d'Arcelor, des avantages d'un tel rapprochement, il y a environ trois semaines, mais que ce dernier n'y aurait pas donné suite. M. Jean Arthuis, président, a indiqué que, selon M. Lakshmi Mittal, c'est une fuite intervenue vendredi 27 janvier 2006 qui l'avait « contraint » de déposer l'offre publique d'achat (OPA) du groupe Mittal sur Arcelor.

après avoir observé que les cours des actions de Mittal et d'Arcelor avaient progressé d'environ 30 % depuis l'annonce de cette OPA, a déclaré qu'il avait interrogé M. Lakshmi Mittal sur les projets de son groupe en France en cas de succès de son offre, en particulier en termes d'emplois. Il a indiqué que M. Lakshmi Mittal lui avait dit ne prévoir aucun licenciement en France, et qu'il lui avait même annoncé son intention d'installer en Lorraine un centre de recherche et de développement de son groupe, actuellement implanté à Chicago.

Puis M. Jean Arthuis, président, a déclaré qu'il avait demandé à M. Lakshmi Mittal de préciser ses relations avec le groupe sidérurgique allemand ThyssenKrupp. Il a expliqué que son interlocuteur avait souligné que, si l'acquisition du producteur d'acier canadien Dofasco revêtait un caractère stratégique pour Arcelor et ThyssenKrupp, il n'en allait pas de même pour Mittal, dont le réseau en Amérique du Nord est déjà très développé ; dès lors, M. Lakshmi Mittal n'a pas caché à M. Jean Arthuis, président, qu'en cas de succès de son offre, il entendait céder Dofasco au groupe ThyssenKrupp, pour une somme d'environ 4 milliards d'euros, qui lui permettrait de financer la part à régler en numéraire aux actionnaires d'Arcelor lui ayant apporté leurs titres.

a précisé que, dans la vision de M. Lakshmi Mittal, le groupe qui naîtrait d'un éventuel succès de son OPA sur Arcelor aurait vocation à rester familial, la famille Mittal devant posséder 51 % de ses actions correspondant à 66 % des droits de vote. M. Jean Arthuis, président, a indiqué qu'interrogé par lui sur les conséquences d'un tel choix en matière de gouvernance, M. Lakshmi Mittal avait souligné qu'il se préoccupait de la bonne gouvernance de son groupe, ce qu'illustrait, selon l'intéressé, le fait qu'au sein de son conseil d'administration figuraient déjà 6 personnalités « indépendantes » sur un total de 9 membres.

a ensuite déclaré qu'il n'avait pas d'opinion sur le fond à propos de cette OPA, mais qu'il s'agissait simplement de veiller au respect des règles en la matière.

Relevant les réactions parfois hostiles que cette offre provoquait en France, il a espéré qu'elle ferait prendre conscience aux responsables politiques et économiques de la réalité de la mondialisation de l'économie, et qu'en cela elle constituerait un « électrochoc salutaire ». Il a ainsi exprimé son souhait qu'à l'avenir, grâce à la réduction des déficits, l'épargne des Français puisse s'orienter davantage vers les actifs économiques que vers le financement de la dette du pays, et, d'une façon générale, qu'entreprises et actionnaires français entretiennent des relations plus proches.

Un débat s'est ensuite instauré.

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