C'est un accident dont les conséquences sur le long terme sont d'autant plus importantes qu'il est survenu dans un pays développé. Cette catastrophe montre que la sécurité de ce type d'installation n'a pas été pensée en fonction de dangers climatiques, qui risquent pourtant d'être récurrents compte tenu du réchauffement climatique. Cet événement conduira nécessairement les pays disposant de centrales nucléaires à réviser leur politique dans ce domaine, ne serait-ce qu'en augmentant la fiabilité des dispositifs de sécurité pour faire face à des événements climatiques extrêmes. A l'heure actuelle, les centrales de quatrième génération ont été conçues pour maximiser leur efficacité, notamment pour faire face à une pénurie de matières fissiles. Elles n'ont pas été pensées en fonction d'une problématique de sécurité. Au-delà de ces questions d'ordre technique, la catastrophe de Fukushima conduira sans doute à revenir sur une certaine banalisation de l'utilisation du nucléaire et à s'orienter vers un rapatriement vers « le régalien » des questions relatives à la sécurité. Dans un certain nombre de pays, il n'est pas exclu que l'on aille vers un véritable coup d'arrêt des investissements dans le nucléaire, comme en Allemagne. Au regard des seuls objectifs relatifs au réchauffement climatique, cette situation peut être préoccupante, dans la mesure où les solutions alternatives, comme l'éolien et le solaire, n'ont pas atteint une efficacité énergétique suffisante. Il y a dans ce domaine un arbitrage à faire entre un risque de court terme lié à la sécurité des centrales nucléaires, et un risque de long terme lié à l'utilisation des énergies fossiles. Les pouvoirs publics se doivent dans ce contexte d'investir dans les questions de sécurité des installations nucléaires, de promouvoir le progrès technologiques dans le domaine des énergies renouvelables, et de soutenir l'utilisation des dispositifs de captation de carbone. Si, à long terme, l'ensemble de ces efforts devrait conduire à un « mix énergétique » plus satisfaisant, la situation à court terme d'ici 2020 est plus préoccupante. Elle suppose dans tous les cas qu'un débat public soit posé sur les avantages et les inconvénients de chaque source d'énergie de façon à ce que les citoyens soient suffisamment éclairés sur les choix d'investissements effectués par les pouvoirs publics.