Il est vrai que les pays occidentaux demandent aux pays émergents de ne pas faire les mêmes erreurs qu'ils ont commises par le passé. Dans les négociations de Copenhague, les Européens ont commis beaucoup de maladresses en se posant comme donneurs de leçons. Les pays émergents ne veulent pas d'un modèle de développement qui soit un frein à leur croissance ou qui leur soit dicté de l'extérieur. Ils réalisent en revanche l'impasse dans laquelle ils sont. Ils mesurent très exactement les conséquences majeures que le réchauffement climatique peut avoir sur le développement de leurs pays. En Chine, les questions liées au stress hydrique, aux risques climatiques et à la désertification sont bien identifiées et font d'ores et déjà l'objet de politiques publiques actives. Ainsi à Shangai, par exemple, un système de vente aux enchères des plaques d'immatriculation des voitures a été mis en place. Une redéfinition des modèles de développement des pays émergents est bien en marche.
Je pense que l'extension des interventions de l'AFD dans les pays émergents est une chose importante. Il s'agit d'abord de résoudre un problème de confiance. On est dans un système de négociations internationales éclaté, avec un problème de confiance dans les politiques publiques des parties prenantes et dans les solutions proposées. Le financement de projets pilotes de lutte contre le réchauffement climatique dans les pays émergents est une façon d'entretenir une relation constructive avec nos partenaires chinois, indonésiens ou indiens, sur des solutions concrètes de développement sobre au carbone.
Ces financements constituent également un ticket d'entrée dans des forums de réflexion internes aux administrations de ces pays. Ils nous permettent d'avoir accès aux projets de développement et d'investissement et ainsi, de mieux comprendre la stratégie de ces pays et d'anticiper le développement de futurs marchés. Il y a dans ce domaine des marchés tout à fait considérables pour les entreprises françaises, comme par exemple le marché de la comptabilisation des émissions de carbone. Cette action de coopération devrait d'ailleurs être prolongée par un volet industriel, comme le font par exemple les Américains ou les Allemands.
Le développement des fonds verticaux a été une bonne chose pour mobiliser des financements au niveau mondial. Dans un contexte de finances publiques dégradé, la montée en puissance des financements multilatéraux et des fonds verticaux a cependant conduit à un assèchement de l'aide bilatérale particulièrement sensible en France. Compte tenu des montants considérables qui seront nécessaires dans le domaine de la lutte contre le réchauffement climatique, il serait cohérent d'asseoir ces financements sur une base mondiale grâce à des dispositifs comme la taxe sur les transactions financières. Toutes les institutions travaillant dans le domaine de l'aide au développement cherchent à se repositionner dans le domaine du climat afin de se relégitimer. Ainsi, le PNUD fait aujourd'hui plus dans le domaine du réchauffement climatique que le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) dont c'est pourtant l'une des principales missions. On peut s'en plaindre ou considérer que, dans le contexte budgétaire actuel, c'est un moindre mal.
Pour l'instant, le marché carbone connaît un développement limité à l'Europe. De ce fait le prix de la tonne de carbone est relativement bas, de l'ordre de 10 millions d'euros par tonne, contrairement aux prévisions qui tablaient sur un prix de l'ordre de 35 millions d'euros par tonne.