Intervention de Augustine Mahiga

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 15 février 2011 : 1ère réunion
Audition de M. Augustine P. mahiga représentant spécial du secrétaire général des nations unies pour la somalie

Augustine Mahiga, représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies pour la Somalie :

Lorsque la piraterie est apparue au large des côtes somaliennes, plusieurs explications ont été avancées, comme l'épuisement des ressources halieutiques par la surexploitation des pêcheurs occidentaux ou encore le déversement de déchets toxiques, qui auraient encouragé les pêcheurs somaliens à se reconvertir dans la piraterie, mais ces explications ne m'apparaissent guère convaincantes, étant donné que traditionnellement les somaliens n'ont jamais été un peuple de pécheurs. En réalité, lorsque l'on regarde la situation aujourd'hui, on constate que les pirates somaliens ont recours à des techniques très sophistiquées et à une logistique pointue, comme le ravitaillement en mer, et que les attaques se produisent parfois très loin des côtes, grâce aux bateaux-mères. C'est une activité très lucrative, puisque souvent les armateurs et les compagnies d'assurance préfèrent payer une rançon plutôt que de voir leur navire immobilisé. Certains somaliens se sont considérablement enrichis grâce à cette activité. Malgré la présence de bâtiments de guerre, la piraterie n'a fait que s'aggraver ces dernières années. Il est donc essentiel que la communauté internationale adopte des mesures pour lutter contre ce fléau. Il faut notamment développer l'action garde-côtes pour arrêter les pirates avant la haute mer et lutter efficacement contre ceux qui financent ces actions.

S'agissant de la situation humanitaire en Somalie, elle est préoccupante puisque l'on estime que 2,5 millions de personnes ont besoin d'une aide alimentaire quotidienne. Le fait que la milice islamiste Shabab contrôle près de la moitié du territoire somalien ne facilite pas l'accès des organisations non gouvernementales à la population, d'autant plus que cette milice rejette, pour des raisons idéologiques, toute aide humanitaire provenant des pays occidentaux, qu'elle considère comme idéologiquement contaminée. Une partie de cette aide est toutefois acceptée par la milice qui la distribue ensuite à la population, rebaptisée en aide islamique. Il en va de même de l'aide humanitaire provenant des organisations musulmanes.

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