Nous avons eu à l'époque des débats au sein du ministère des affaires étrangères et au niveau européen à ce sujet. Les pays du Nord de l'Europe sont très attachés à ces questions.
Sur la question des droits de l'homme, à laquelle la France est profondément attachée, il n'a pas été possible de définir de position commune au niveau des ambassadeurs, à Tunis, en raison de l'attitude de certains partenaires, comme l'Italie hostile, par exemple, à la diffusion, auprès des États membres, d'un rapport annuel sur la situation des droits de l'homme en Tunisie.
Lorsque j'étais ambassadeur en Tunisie, je ne croyais pas à l'efficacité de l'imposition de conditionnalités à l'aide au développement. Dans le « système » Ben Ali, au-delà de la répression politique, la présence, au sein du gouvernement tunisien, d'interlocuteurs privilégiés issus, pour la plupart, des grandes écoles françaises, nous offrait de réelles garanties sur le fait que les financements atteignaient vraiment leurs objectifs : formation professionnelle, remise à niveau des industries textiles ou encore accès à l'eau. Imposer des conditionnalités n'aurait pas été efficace, alors qu'avec cette aide au développement nous avons contribué à faire émerger la classe moyenne ou à améliorer la situation de l'emploi des jeunes.
J'ajoute que, lors de l'élaboration de la politique de voisinage de l'Union européenne, il a été impossible d'inscrire des actions telles que la formation à l'état de droit, la formation des magistrats : c'était des domaines impénétrables.