Je pense qu'au départ le Président Hosni Moubarak privilégiait la survie du régime sur la succession dynastique, mais que, sous la pression de son épouse, il s'est laissé convaincre de transmettre le pouvoir à son fils Gamal, comme l'illustrent les amendements à la Constitution de 2007 ou les changements opérés au gouvernement et dans les hautes instances du parti. Or, l'armée avait déjà à l'automne annoncé qu'elle n'accepterait pas que Gamal Moubarak accède au pouvoir.
Dès le début des manifestations, Hosni Moubarak a annoncé qu'il renonçait à la succession en faveur de son fils, et, ensuite, mon sentiment est qu'il y a eu une lutte d'influence entre l'armée régulière et les services de renseignement, qui s'étaient beaucoup renforcés ces dernières années avec la priorité donnée à la lutte contre le terrorisme, suscitant des jalousies au sein de l'armée d'active.
En définitive, les généraux de l'armée d'active regroupés au sein du Conseil suprême des forces armées, dirigé par le général Mohamed Tantaoui, ont pris le dessus sur les services de renseignement, ont « sacrifié » le président Hosni Moubarak et marginalisé le vice président Omar Souleymane.