Ce qui se passe sur les rives sud de la Méditerranée montre que l'aspiration à la démocratie est partagée par les peuples arabes. C'est une bonne nouvelle : ces peuples n'ont pas seulement le choix entre la dictature et l'intégrisme ; ils ont courageusement manifesté qu'ils ne voulaient plus être traités comme du bétail et rejetaient leurs régimes policiers. Bien entendu, on peut formuler certaines craintes quant à l'avenir qui reste incertain, le chômage massif des jeunes demeurant comme une épée de Damoclès menaçant la démocratie.
Face à cette situation, que pouvons-nous faire ? L'Union pour la méditerranée (UPM) était sans doute une bonne idée mais gâchée par un excès d'ambition et par le refus des pays de l'Europe du Nord, et surtout de l'Allemagne, de voir la France en prendre l'initiative. Au mieux, c'est une machine à faire avancer certains projets. Mais ce n'est pas une structure à la hauteur de la politique qui serait nécessaire. L'Union européenne est, bien entendu, un immense débouché mais ces pays du Sud n'y bénéficient pas d'accords préférentiels - puisque nous n'avons plus de protections... On pourrait instituer des garanties d'investissement pour les entreprises françaises qui s'installeraient dans ces pays - comme le fait l'Allemagne pour ses investissements en Europe centrale - car mieux vaut des délocalisations de proximité que des délocalisations lointaines, dans des pays asiatiques à bas coûts salariaux. Ce serait intelligent, notamment pour prévenir les immigrations irrégulières.
Le cadre du « 5 + 5 » existe toujours, qui comprend les trois pays du Maghreb, la Mauritanie et la Libye ainsi que la France, l'Espagne, l'Italie, Malte et le Portugal. Il ne marchait pas si mal, dans mon souvenir. On pourrait l'étendre à la Grèce et à l'Égypte afin d'apporter à ce dernier pays ainsi qu'à la Tunisie l'aide nécessaire dans leur marche vers la démocratie.