Au cours d'une première séance tenue dans la matinée, la commission a tout d'abord entendu une communication de M. Yves Dauge, sur les travaux de la commission « Diversité culturelle » qu'il préside au sein du Haut conseil de la coopération internationale (HCCI).
a souhaité rendre compte à la commission des réflexions menées dans le cadre du HCCI relatives à l'adaptation de la politique extérieure de la France aux nouveaux enjeux de la diversité culturelle, en les inscrivant dans la continuité du rapport d'information sur les centres culturels français à l'étranger, dont il a été l'auteur en 2001.
Il a d'emblée critiqué l'insuffisance de moyens consacrés à la diplomatie culturelle qu'il considère comme un outil essentiel du rayonnement français, regrettant que les préconisations de renforcement des moyens qu'il avait formulées en 2001 n'aient pas été suivies. Il a ensuite déploré la dispersion des crédits de l'action culturelle extérieure, dans le cadre des lois de finances, au sein de trois programmes issus de trois missions différentes (programmes n° 185 « Rayonnement culturel et scientifique » de la mission « Action extérieure de l'Etat », n° 209 « Solidarité à l'égard des pays en développement » de la mission « Aide publique au développement » et n° 115 « Audiovisuel extérieur » de la mission interministérielle « Medias »). Ce découpage n'incite pas à penser globalement la question culturelle, perpétue une vision duale Nord/Sud ne correspondant plus aux enjeux de la mondialisation, et entraîne une concurrence malsaine entre les services bénéficiant des crédits de développement et ceux disposant des sommes consacrées au rayonnement culturel. M. Yves Dauge en a conclu que la diplomatie extérieure devait trouver une nouvelle cohérence autour de la diversité culturelle.
Il a salué, à cet égard, la ratification par la France de la convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles adoptée dans le cadre de l'UNESCO, estimant qu'elle pouvait être l'occasion d'une refondation globale de notre politique culturelle. En effet, cette convention crée un lien entre diversité culturelle et solidarité internationale et invite la France à penser la promotion de sa propre culture au travers le soutien au multiculturalisme. Il s'est félicité, à ce titre, de ce que les centres culturels français valorisent aussi les cultures locales, et que CulturesFrance noue des partenariats et participe à des coproductions qui permettent de conférer une légitimité renforcée à l'intervention française.
Il a aussi fait part de sa satisfaction que l'organisation internationale de la francophonie s'appuie également sur la Convention, se déclarant convaincu que la politique en faveur de la francophonie s'inscrit parfaitement dans la logique de la diversité culturelle.
a souligné, en outre, que les instances de l'Union européenne exprimaient une volonté nouvelle de prendre davantage en compte les cultures locales dans leurs politiques de coopération au développement, citant l'exemple de la création récente du Fonds d'action culturelle dédié aux pays d'Afrique, Caraïbes et Pacifique, doté de 30 millions d'euros.
Il a enfin considéré que la révision générale des politiques publiques (RGPP) devait être l'occasion de définir une politique nouvelle et ambitieuse d'adaptation de nos structures administratives aux enjeux de la diversité culturelle. S'agissant de l'association CulturesFrance, il a souhaité qu'elle soit transformée en établissement public, conformément à la proposition de loi de M. Louis Duvernois adoptée à l'unanimité par le Sénat en 2007, et qu'elle renforce ses actions de coopération. Il a ensuite jugé nécessaire qu'une tête de réseau élargie mette en oeuvre la politique culturelle extérieure de la France, en intégrant l'intégralité des composantes de cette politique, qui doit être à la fois artistique, linguistique, universitaire et orientée vers le développement. Cette « tête de réseau » disposerait d'un conseil d'administration présidé par le ministre des affaires étrangères et européennes et ménageant une part à l'interministériel et aux collectivités territoriales, ainsi que d'un conseil d'orientation, présidé par une personnalité reconnue, et composé de membres issus de la société civile, du monde de la connaissance et de la recherche, de celui de la création, de la communication et des médias, du monde professionnel du secteur culturel, ainsi que de l'Agence française de développement. Localement, les centres culturels français, refondés en centres culturels et de coopération seraient les relais de l'établissement public, sous l'autorité de l'ambassadeur. Les complémentarités avec les politiques culturelles européennes et multilatérales devraient être recherchées.