PDG d'ADP, a d'abord souligné quelques caractéristiques de l'entreprise : ADP est le deuxième groupe aéroportuaire européen avec 87,1 millions de passagers et le premier groupe européen pour le fret et les postes, la plate-forme de Roissy-Charles de Gaulle est la deuxième en Europe et la cinquième dans le monde pour le transport de passagers, Orly se place en dixième position au niveau européen, et Le Bourget occupe de loin la première place pour l'aviation d'affaires.
A l'origine, ADP était un établissement public qui agissait davantage comme constructeur que comme entreprise de services. Le tournant de 2002-2003 a conduit l'établissement à accroître ses investissements, sans pouvoir maîtriser ses ressources en raison de son statut public, ce qui a considérablement accru le montant de sa dette.
Aussi la loi n° 2005-357 du 20 avril 2005 relative aux aéroports a-t-elle transformé ADP en société anonyme (SA) pour lui permettre notamment de renforcer ses fonds propres en faisant appel aux marchés financiers, sans que le statut des personnels soit modifié. La même loi a transféré en pleine propriété à la SA les actifs, notamment le domaine des aéroports. Un cahier des charges a précisé le contenu des missions de service public assignées à l'entreprise. Le contrat de régulation économique signé en février 2006 a prévu un programme d'investissements d'un montant de 2,7 milliards d'euros afin de combler notamment un manque de capacité d'accueil dans les terminaux, tout en encadrant l'évolution des redevances aéroportuaires.
La transformation de l'entreprise s'est faite en concertation avec le personnel et sans agitation sociale importante. L'entrée en Bourse en juin 2006 a permis d'augmenter le capital de 600 millions d'euros, l'État possédant alors 68,4 % du capital et le personnel, dont 80 % est devenu actionnaire, 2,4 %. D'une manière générale, le changement de statut d'ADP a entraîné l'adoption d'une nouvelle culture de services.
Par ailleurs, ADP s'est développé à l'international à travers notamment une alliance stratégique avec l'aéroport de Schiphol à Amsterdam, exploitant la synergie constituée par la proximité des deux plateformes et par la présence d'un grand client commun, le groupe Air France-KLM.
Si le contrat de régulation économique prévoyait une croissance du trafic de 3,75 % pendant trois ans, la crise économique ne permet plus d'envisager qu'une croissance de 0,8 % à 0,9 %, sans toutefois que soient remis en cause ni le programme d'investissements, ni le programme d'action sociale. Ainsi, 2,7 milliards d'euros auront été investis dans la construction de terminaux afin d'augmenter de vingt millions la capacité d'accueil de passagers. Dans le même temps, les capacités d'accueil de commerces ont été considérablement accrues.
Evoquant les enjeux à venir, M. Pierre Graff a mis en avant la nécessité d'améliorer la qualité de service. Si les efforts déjà réalisés ont permis d'améliorer le taux de satisfaction des usagers de l'aéroport de Roissy de 78 % en 2005 à 85 % aujourd'hui, il a indiqué viser un taux supérieur à 90 % malgré les handicaps que représentent le gigantisme de l'aéroport, la complexité des correspondances, l'obsolescence de certains équipements et les difficultés liées aux prestations de sécurité. Il a fait observer que ni l'encombrement des autoroutes d'accès à l'aéroport, ni les délais occasionnés par le déchargement des bagages qui est assuré par les compagnies aériennes, ni les formalités douanières et de sécurité ne pouvaient être imputés à ADP.
Affirmant son ambition de faire d'ADP un champion dans le domaine des plateformes aéroportuaires, il a considéré nécessaire, afin d'atteindre cet objectif :
- de donner la priorité à la restauration des infrastructures existantes, après avoir augmenté la capacité aéroportuaire au cours de ces dernières années ;
- de continuer à développer les commerces ;
- d'améliorer l'activité immobilière afin de tirer profit des importantes réserves foncières appartenant à ADP ; il a notamment cité le projet « Coeur d'Orly », créateur de richesses et d'emplois ;
- de respecter l'environnement ;
- de renforcer l'activité à l'international ;
- de poursuivre l'engagement social d'ADP à travers notamment la décision de ne pas procéder, malgré les difficultés liées à la crise, à un plan de licenciements.
Puis, répondant à M. Jean-Paul Emorine, président, sur la prise en compte du Grenelle de l'environnement par ADP, M. Pierre Graff a indiqué que la question de la pollution sonore était avant tout un problème d'urbanisme. Il a également expliqué qu'apparaîtrait, d'ici à 2025, une nouvelle génération d'avions moins polluants. S'agissant des nuisances engendrées par l'activité aéroportuaire elle-même, il a fait remarquer que la plateforme de Roissy, par son étendue comme par le nombre de personnes qui l'utilisent quotidiennement, peut se comparer à une ville moyenne et que les enjeux en termes de déchets, de maintien de l'ordre et de bruit sont du même ordre. Dans ce contexte, l'entreprise s'est engagée sur un programme tendant à :
- réduire de 20 % la pollution d'ici à 2020 ;
- développer des techniques innovantes telles que la géothermie ;
- réduire la pollution émise par la flotte de véhicules de l'entreprise ;
- construire des bâtiments à haute qualité environnementale ;
- développer les sites de covoiturage pour les personnes travaillant sur le site ;
- limiter le temps de roulage des avions ;
- réduire l'utilisation des groupes auxiliaires de puissance (APU), moteurs d'appoint très polluants utilisés lorsque l'avion est au sol, en équipant l'aéroport de réseaux d'alimentation fixe.
A la suite de cette intervention, un large débat s'est engagé.