Intervention de Philippe Colombet

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 7 octobre 2009 : 1ère réunion
Audition de M. Philippe Colombet directeur du projet livre google france

Philippe Colombet, directeur du projet Livre Google France :

Après avoir remercié le président et les membres de la commission de l'avoir invité, M. Philippe Colombet a brièvement présenté son parcours, notamment dans le secteur de l'édition, et son rôle chez Google. Il a retracé l'historique de développement du projet Google Livres, né au milieu des années 1990 alors que les deux fondateurs du groupe, Larry Page et Sergey Brin, étaient étudiants à Stanford et qu'ils se demandaient comment rendre une bibliothèque accessible au plus grand nombre. Il a précisé que c'est en 2004, après la création du moteur de recherche de Google, que le projet Google Livres a été présenté au salon des éditeurs de Francfort.

a présenté, ensuite, la politique de Google Livres en matière d'ouvrages publics : l'idée maîtresse part du constat que l'information disponible est de deux natures, la première étant l'information en ligne donc déjà accessible sur l'internet, la deuxième étant de nature analogique et correspondant aux archives, journaux, thèses et livres. Il a souligné le paradoxe de la situation puisque l'information la plus accessible, car déjà sur la toile, ne représenterait que 10 à 15 % de l'information globale, l'essentiel de la connaissance venant des livres. Il a ainsi résumé l'objectif de Google Livres qui est de permettre aux internautes d'accéder à ces contenus analogiques, et pour cela de rendre possible leur identification par le moteur de recherche. L'enjeu est ainsi celui de la visibilité des contenus académiques, universitaires et grand public.

Il a évoqué la perspective de numérisation de plusieurs dizaines de millions de livres, jusque dans 40 langues différentes, qui ne peut s'inscrire que dans une logique de partenariat, Google n'étant ni une bibliothèque ni un éditeur. Le projet Livres vise à répondre aux besoins propres des partenaires de Google, c'est-à-dire, pour ce qui concerne les ouvrages tombés dans le domaine public, à concilier les deux axes de conservation et de visibilité des contenus.

Pour illustrer l'objectif de conservation, M. Philippe Colombet a fait référence à la bibliothèque de Gand dont les ouvrages, destinés à une numérisation, ont failli être détruits à la suite d'une inondation importante. Il a ainsi estimé que Google Livres rend un premier service de mémoire en garantissant la conservation d'un patrimoine souvent unique. Il est ensuite revenu sur l'objectif de visibilité qui tend à rendre ces fonds accessibles au plus grand nombre, et a cité le témoignage du directeur de la Bibliothèque de Lyon relatif aux chercheurs qui utilisent au quotidien Google pour leurs travaux à partir d'ouvrages anciens numérisés, illustrant ainsi l'intérêt de ces nouvelles technologies pour les ouvrages appartenant au domaine public.

Il a indiqué que Google, après avoir numérisé un ouvrage, en transmet une copie à la bibliothèque partenaire qui peut ainsi alimenter sa propre bibliothèque numérique, tandis que le référencement par le moteur de recherche en garantit la visibilité. Le partenariat s'inscrit donc dans une démarche de « maximisation » de la rencontre entre les « curieux » (chercheurs, étudiants) et les contenus, à l'instar de la logique du « Guichet du savoir » de la Bibliothèque de Lyon.

a insisté en outre sur l'importance de l'enjeu de développement d'un espace francophone pour Google Livres, le français étant la quatrième langue de recherche après l'anglais, l'espagnol et l'allemand. Il a précisé que cet enjeu était une priorité depuis 2005 pour Google qui doit s'efforcer de proposer un contenu reflétant cette réalité. Aujourd'hui trois bibliothèques francophones ont établi un partenariat avec Google Livres et représentent environ 100 000 livres pour la Suisse, 300 000 en Belgique et entre 400 et 500 000 ouvrages issus de la Bibliothèque de Lyon. Il a détaillé les grandes lignes du projet de cette dernière, avec la mise en place d'un centre de numérisation à la charge de Google employant des salariés locaux pour une durée qui variera entre 5 et 10 ans. Il a souligné l'attachement de Google à ne pas laisser s'imposer une prédominance de la langue anglaise dans l'offre de contenus.

a abordé le second volet du projet Google Livres qui concerne les partenariats avec les éditeurs pour l'accès aux livres sous droits. Faisant référence à un échange avec des lycéens de la ville de Verdun ayant eu lieu la veille, il a noté qu'un programme de livres numériques qui ne prendrait pas en compte ces ouvrages ne répondrait pas aux besoins des internautes. Il a ajouté que les objectifs d'un éditeur diffèrent de ceux d'une bibliothèque puisque l'intérêt de la conservation s'efface au profit de celui de la commercialisation. Dans cette perspective, Google Livres propose à l'éditeur partenaire de choisir les titres des livres publiés qui sont affichés à l'issue d'une recherche à partir d'un nom d'auteur, l'internaute ayant ensuite la charge de se procurer lesdits ouvrages auprès d'une librairie réelle ou virtuelle. Il a précisé que pour aider l'internaute à se décider dans l'achat d'un livre, Google Livres lui permet d'en feuilleter 20 % du contenu. Après avoir rappelé le caractère gratuit du service de référencement dans le moteur de recherche proposé par Google Livres, il a enfin précisé qu'il existe aujourd'hui 10 millions de livres numérisés et référencés avec une part croissante d'ouvrages français.

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