La gestion des parcs nationaux est un sujet d'autant plus passionnant à mes yeux que je suis particulièrement investi en ce domaine en tant que vice-président des parcs régionaux. Je conviens qu'il existe de nombreuses difficultés obérant la gestion des parcs. Un fossé sépare l'analyse comptable et rigoureuse, certes nécessaire, de la réalité du terrain. En réponse à la disparition des bouquetins évoquée précédemment, je souhaite insister sur l'introduction de la loutre et du castor dans le parc naturel régional de l'Avesnois. Ces décisions, ainsi que l'ensemble des actions menées au sein des parcs, ne s'imposent pas immédiatement. Elles nécessitent un long travail de conviction et de concertation avec l'ensemble des forces vives du territoire (chasseurs, pêcheurs...), afin de surmonter les réticences face aux nombreux problèmes qu'elles soulèvent (risque de dégâts ...). Ainsi trois années ont été nécessaires afin de renouveler la charte du Parc de l'Avesnois impliquant 141 communes.
Je conviens que l'application de procédures financières comptables rigoureuses est nécessaire. Cependant, il faut également reconnaître que la mutualisation des moyens requiert persévérance et patience, afin de résoudre les contraintes créées par un tel regroupement de structures, notamment en raison de l'histoire et de la culture propres à chaque parc. Je peux en témoigner, après la récente et longue réunion tenue en région Nord-Pas-de-Calais sur la mutualisation des moyens des trois parcs régionaux, celui de l'Avesnois, de Scarpe-Escaut et des Caps et Marais d'Opale.
De surcroît, s'agissant de la gestion des personnels, on ne saurait considérer les agents des parcs comme des personnes aux fonctions répétitives, mécaniques et strictement encadrées. Ce sont de véritables militants de la nature lui dédiant sans compter leur temps. Je concède volontiers que des marges de manoeuvre existent afin d'améliorer l'efficience de la gestion. Cependant, celle-ci exige avant tout la création d'une dynamique d'équipe. Toute mutualisation ne peut donc être réalisée sans prise en compte des personnels. Elle ne doit pas conduire à briser l'instrument au nom de la rentabilité, dans un domaine qui n'obéit pas à des règles économiques traditionnelles. La concentration des syndicats intercommunaux d'eau et d'assainissement illustre mon propos. Que faire des personnels titulaires issus de cette fusion ?
La rigueur financière mise en avant dans le cadre des observations de la Cour doit donc être appréciée à l'aune du temps et du travail de conviction imposés par la gestion d'un parc naturel. Ainsi, force est de constater que la nature n'évolue pas aussi vite que la définition des objectifs et leur mesure par les indicateurs de performances.
Je suppose que vous recherchez des subventions européennes. Or, le délai d'obtention peut être de l'ordre de trois ans. Autrement dit, vous réalisez la dépense alors que vous ne recevrez le montant de la subvention que bien plus tard.