Intervention de Ladislas Poniatowski

Commission de l'économie, du développement durable et de l'aménagement du territoire — Réunion du 1er février 2011 : 1ère réunion
Audition de Mme Nathalie Kosciusko-morizet ministre de l'écologie du développement durable des transports et du logement

Photo de Ladislas PoniatowskiLadislas Poniatowski :

Un moratoire de trois mois a été déclaré sur le rachat d'électricité photovoltaïque : c'est tout à fait justifié, car une véritable folie spéculative s'était emparée des producteurs. Nos objectifs sont à peu près remplis pour la biomasse, l'éolien et, quant au photovoltaïque, pour la production des particuliers et les installations au sol ; mais s'agissant des équipements sur toitures de bâtiments agricoles ou industriels ou de parkings commerciaux, les projets déposés représentent 80 % des objectifs fixés par le Gouvernement d'ici 2020 ! La mission Charpin doit rendre ses conclusions en mars. Il semble que l'on s'oriente vers la fixation de nouveaux tarifs, qui donneront aux industriels une vision à moyen terme, et de quotas annuels : c'est le bon sens, il en aurait fallu dès le début ! On parle d'un quota de 500 mégawatts : 150 MW pour les particuliers, 150 MW pour les toitures et 200 MW pour les installations au sol. Mais comment répondre aux projets déjà déposés d'installations sur toitures, qui représentent pas moins de 1,2 gigawatt (GW) ? S'agissant du photovoltaïque au sol, la Commission européenne s'émeut du quasi monopole d'EDF Énergies nouvelles. Nous sommes déjà exposés à de nombreux litiges dans ce domaine, n'allongeons pas la liste !

Sur l'éolien offshore, il faut un échéancier précis mais souple. Les résistances sont inégales sur les trois sites envisagés. Le projet normand et picard suscite un tollé parmi les pêcheurs. Inspirons-nous du modèle danois : des centaines d'éoliennes ont été implantées au large de Copenhague, après que la fronde des pêcheurs a été apaisée.

Le gaz de schiste est pour les uns le moyen rêvé d'assurer notre indépendance énergétique, pour les autres une grave menace environnementale. Aucun de ces deux points de vue n'est entièrement erroné. Ce gaz offre des opportunités très intéressantes, que les États-Unis, avec des moyens techniques défectueux, ont choisi d'exploiter à fond : il représente déjà 15 % de leur production de gaz, et cette proportion s'élèvera à 25 à 30 % dans dix ans. Votre prédécesseur a délivré une dizaine de permis de recherche - et non d'exploitation - sur le territoire français. Pensez-vous que d'ici deux ans, lorsqu'il sera possible d'exploiter ces gisements, nous disposerons des ressources technologiques nécessaires pour le faire sans abîmer nos paysages et notre sous-sol ? Car il n'est pas question de reproduire les techniques américaines, qui consistent à faire éclater la roche avec du sable et de l'eau, avec de graves risques écologiques.

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