a tout d'abord évoqué la situation régionale. Il a observé que traditionnellement le conflit israélo-arabe avait constitué le centre de gravité des tensions régionales. Ces dernières années, on observait quatre épicentres de conflit dans la région avec des dynamiques qui leur étaient propres, à savoir l'Irak, où transparaît une opposition forte entre chiites et sunnites; les aspirations nucléaires de l'Iran, qui sont interprétées dans la région comme le signe d'ambitions hégémoniques et la situation entre le Liban et la Syrie, ces trois centres de tension étant quasi indépendants du conflit israélo-arabe. Enfin le conflit israélo-palestinien, dont le caractère symbolique marquait les esprits des populations de la région et revêtait une dimension mondiale (culturelle, religieuse, économique et sociale).
Ces conflits, bien qu'évoluant selon leur propre dynamique, tendent à s'imbriquer de façon croissante, rendant impossible un règlement autonome. Faisant état de ses visites auprès de responsables de la région au cours de l'été, il a noté que, désormais, l'Iran était perçu comme la principale source de préoccupation pour la stabilité de la zone. Ce nouveau développement serait déterminant pour la recomposition des alliances entre Etats dans les années à venir.
Abordant la situation au Liban, il a rappelé que la résolution 1559 du Conseil de sécurité exigeait la tenue d'élections libres, le retrait des troupes étrangères et le désarmement des milices avec, pour objectif premier, que le Liban recouvre sa pleine souveraineté et son indépendance politique. Il a souligné que, pour la première fois dans l'histoire du Liban, des élections libres avaient permis la désignation d'un nouveau Parlement, mais des élections présidentielles libres n'avaient toujours pas eu lieu. La Syrie avait procédé au retrait de ses troupes, y compris de ses services de renseignement. Des pas importants ont donc été effectués dans l'application de la résolution. Pour autant, même si l'armée libanaise a pu se déployer après le conflit de l'été pour contrôler l'ensemble du territoire, d'autres points de la résolution, dont la question du désarmement des milices, essentiellement celle du Hezbollah, n'ont pas été appliqués.
Or, le démantèlement des milices constitue un point central pour la souveraineté de l'Etat libanais, la définition classique d'un Etat reposant tout particulièrement sur le monopole de l'utilisation légitime de la force.
Il a rappelé que le Hezbollah utilisait l'argument de l'occupation par Israël du territoire libanais pour justifier ses opérations, alors même que les troupes israéliennes se sont retirées de l'ensemble du territoire libanais, en 2000, comme l'avait confirmé le Conseil de sécurité à maintes reprises, y compris lorsque la Syrie y était membre non permanent. Aux termes des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, la zone des fermes de Chebaa, en l'occurrence déserte, n'a pas été considérée comme territoire libanais, mais comme territoire syrien occupé par Israël. En 2000, les Nations unies avaient conduit des recherches cartographiques minutieuses pour aboutir à cette conclusion. Or, c'est sous le prétexte de son occupation par Israël que le Hezbollah fonde sa « résistance ». C'est ainsi que le conflit de l'été 2006 a opposé Israël au Hezbollah et non au Liban, le gouvernement libanais n'ayant été ni consulté, ni informé des opérations menées contre des militaires israéliens et qui ont conduit à son déclenchement.
L'application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité a mis fin au conflit, mais trois difficultés majeures demeurent : la délimitation des frontières entre le Liban et la Syrie, l'établissement de relations diplomatiques entre la Syrie et le Liban, et enfin la question de la pleine indépendance du Liban qui passe par le désarmement des milices. La résolution 1680 du Conseil de sécurité a appelé à l'établissement de relations diplomatiques entre les deux pays, mais la Syrie, jusqu'à ce jour, n'a pas souhaité s'engager dans cette direction. La résolution du statut des fermes de Chebaa nécessite des négociations entre la Syrie et le Liban, soit en bilatéral, soit par un arbitrage international. Une solution alternative pourrait consister à placer ce territoire sous la responsabilité des Nations unies jusqu'à un règlement permanent de son statut par un accord bilatéral sur le tracé définitif des frontières.
a estimé que la sécurité des troupes internationales déployées sur le terrain était liée à la résolution de ces questions, qui ne peut être que politique. Le fait que le conflit n'ait pas directement opposé Israël au Liban et que les décisions concernant ce pays ne sont, dans les faits, pas prises à Beyrouth mais ailleurs, illustre la complexité et l'imbrication avec les autres conflits. La situation actuelle est plus complexe et plus dangereuse que jamais et constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales.
A la suite de l'exposé de M. Terje Roed-Larsen, un débat s'est instauré avec les commissaires.