Intervention de Terje Roed-Larsen

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 25 octobre 2006 : 1ère réunion
Situation au liban — Audition de M. Terje Roed-larsen représentant spécial du secrétaire général des nations unies

Terje Roed-Larsen, représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies :

En réponse à ces interventions, M. Terje Roed-Larsen a apporté les précisions suivantes :

- le Liban constitue un cas unique au Moyen-Orient, où les Nations unies jouent un rôle de premier ordre et elles engagent donc, sur ce conflit, leur crédibilité. Sur la question iranienne aussi, la crédibilité des Nations unies est en cause, car si Téhéran devait accéder à la capacité nucléaire militaire, le Traité de non-prolifération pourrait s'effondrer et d'autres pays, notamment au Moyen-Orient, chercheraient eux aussi à se doter de l'arme nucléaire ; s'agissant du conflit israélo-palestinien, les Nations unies ne sont pas au premier plan, même si elles participent au Quartet avec les Etats-Unis, dont le rôle est prépondérant, l'Union européenne et la Russie ; c'est au Quartet qu'il revient de donner l'impulsion nécessaire pour la résolution de ce conflit ;

- il faut admettre que le désarmement du Hezbollah ne pourra s'effectuer par la force et ne sera possible qu'au travers d'une solution politique ; pour le Secrétaire général des Nations unies, cette dernière passe par le dialogue national, en pleine cohérence avec les accords de Taëf, dont les résolutions du Conseil de sécurité n'ont fait que confirmer les termes ; en application de ces accords, toutes les milices libanaises, à l'exception du Hezbollah, ont été dissoutes et intégrées dans l'armée libanaise ; les accords de Taëf doivent désormais être pleinement mis en oeuvre ; pour le désarmement du Hezbollah, plusieurs solutions sont envisageables, notamment l'intégration dans l'armée libanaise, le versement des miliciens dans la réserve ou la restitution des armements et leur dépôt dans des lieux contrôlés ;

- si les Israéliens ont satisfait aux résolutions des Nations unies concernant l'évacuation du territoire libanais, la poursuite des survols aériens constitue une infraction claire à ces résolutions qui est clairement dénoncée, en termes très fermes, par le secrétaire général dans ses rapports réguliers au Conseil de sécurité ;

- les Etats-Unis sont bien entendu un acteur clef pour la résolution des différents conflits de la région et les Nations unies travaillent avec eux, que ce soit en bilatéral, dans les enceintes multilatérales ou dans le cadre du Quartet ; la France, elle aussi, joue un rôle très important, en particulier dans le dossier libanais, où elle est la force motrice des efforts internationaux ; le secrétaire général des Nations unies ne ménage pas ses efforts, comme on l'a vu avec son implication personnelle pour l'obtention d'une cessation des hostilités et la levée du blocus ; toutefois, les Nations unies ne sont jamais que l'émanation de leurs Etats membres et le Secrétaire général ne peut aller au-delà de ce que ceux-ci ont décidé ;

- la situation politique palestinienne s'est considérablement compliquée dans la mesure où le parti qui a obtenu la majorité aux élections législatives, le Hamas, a construit son identité sur le refus des accords d'Oslo et des institutions de l'Autorité palestinienne qu'il dirige actuellement ; le Hamas fait face à une crise d'identité. De surcroît, le leadership de ce parti est établi à Damas et non en Palestine ; tout ceci conduit à penser qu'il serait impossible, aujourd'hui, de rééditer la conclusion des accords d'Oslo ;

- la situation sécuritaire au Liban, qui est une préoccupation légitime pour les forces déployées dans le cadre de la Finul, sera étroitement liée à l'état du processus politique ; seule, une solution politique permettra d'améliorer la situation sécuritaire ;

- les relations entre la Finul et la population libanaise sont bonnes, mais il y a un risque, s'il n'y a pas d'avancée politique, à ce que la Finul apparaisse un jour aux yeux de certains Libanais comme une force d'occupation ;

- le Secrétaire général des Nations unies maintient des contacts réguliers avec les autorités iraniennes au sujet des dossiers nucléaire et libanais ;

- la délimitation des frontières syro-libanaises, et plus particulièrement dans le secteur des Fermes de Chebaa, est l'un des points clef pour la résolution du conflit libanais ; il comporte des aspects juridiques, cartographiques et politiques ; par le passé, la Syrie avait considéré que les Fermes de Chebaa n'appartenaient pas au Liban, mais récemment, les autorités syriennes sont revenues sur cette position, ce qui est de nature à favoriser un règlement ; encore faut-il que le périmètre de ce secteur soit défini très précisément, ce qui n'est pas le cas actuellement, bien que les Nations unies s'emploient à recueillir tous les éléments utiles ; ce n'est que lorsque le gouvernement libanais aura validé la délimitation des territoires concernés que des négociations pourront être engagées avec Israël ;

- les actions du Hezbollah qui ont été à l'origine du récent conflit sont controversées dans la société libanaise elle-même et sont l'un des éléments du débat politique interne ; au demeurant, le conflit a opposé Israël au Hezbollah et non au Liban dans son entier ; le premier ministre Fouad Siniora, dont le gouvernement est issu d'élections démocratiques, libres et crédibles, a formulé des propositions constructives qui recueillent l'entier soutien des Nations unies ; le Hezbollah doit faire preuve d'une attitude responsable et participer à la mise en oeuvre des accords de Taëf.

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