Intervention de Antonio Monteiro

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 3 juillet 2007 : 1ère réunion
Union européenne — Présidence portugaise de l'union - Audition de s. exc. M. Antonio Monteiro ambassadeur du portugal en france

Antonio Monteiro, ambassadeur du Portugal en France :

En réponse, M. Antonio Monteiro a apporté les éléments suivants :

- en ce qui concerne le nouveau traité, le rôle de la présidence sera très important, dans la mesure où il lui revient de présenter, en liaison avec le Secrétariat général du Conseil, un projet de traité à la Conférence intergouvernementale. Celle-ci devrait s'ouvrir le 23 juillet prochain et le Premier ministre portugais a fixé pour objectif de conclure ses travaux pour la réunion informelle des chefs d'Etat et de gouvernement des 18 et 19 octobre. Il faut, en effet, conserver la dynamique et résister à la tentation de certains de vouloir renégocier ce qui a fait l'objet d'un accord lors du dernier Conseil européen.

Une conférence intergouvernementale n'est pas seulement un exercice technique ou juridique, mais elle présente une dimension politique, ce qui implique une volonté politique ;

- l'attitude de l'actuel Président du Venezuela est surtout un problème qui affecte l'ensemble de l'Amérique latine. La récente tension avec le Brésil atteste la nécessité du renforcement des relations entre l'Union européenne et ce pays. Ce rapprochement n'a pas seulement pour vocation de régler des dossiers bilatéraux difficiles, comme les contentieux agricoles par exemple, mais il a aussi pour but de nouer des liens avec l'ensemble du continent sud-américain, dont le Brésil constitue la plus importante porte d'entrée ;

- si l'influence de la Chine s'est renforcée en Afrique, l'Union européenne dispose toujours d'atouts, comme la proximité culturelle et linguistique. Par ailleurs, sur de nombreux sujets, comme l'immigration, le réchauffement climatique, l'énergie, la sécurité et la défense, la santé ou la bonne gouvernance et les droits de l'homme, il existe une vision et des intérêts communs. Il est donc indispensable de renforcer ces relations pour nouer un véritable partenariat avec l'Afrique ;

- le Portugal a été l'un des premiers pays à avoir accueilli favorablement l'idée d'une Union méditerranéenne, sous réserve de certaines précisions. Tout d'abord, il paraît nécessaire d'en définir les contours. Ensuite, l'idée d'éviter les sujets politiques et de se concentrer sur les questions concrètes, qui paraît judicieuse, est difficile à traduire en pratique. En effet, les problèmes politiques, comme le conflit au Proche-Orient, ou le contentieux entre l'Algérie et le Maroc à propos du Sahara occidental, pèsent d'un grand poids.

Enfin, si le processus de Barcelone n'a pas donné jusqu'à présent des résultats très probants, il ne doit pas pour autant être abandonné.

Il est donc nécessaire d'avoir une réflexion commune entre les pays européens et entre ceux-ci et les pays du sud de la Méditerranée sur ce projet ;

- concernant le Royaume-Uni, dont le Portugal est le plus ancien allié sur le continent, on ne peut que constater un certain recul au vu des dérogations obtenues par ce pays. Si le Royaume-Uni semble ainsi cultiver son particularisme, puisqu'il ne participe ni à Schengen ni à l'euro, cela s'explique par le pragmatisme britannique. Il y a en effet des domaines, comme la défense, où le Royaume-Uni joue un rôle moteur en Europe. En tout état de cause, le recours aux coopérations renforcées, qui permettent aux Etats qui le souhaitent d'aller plus vite et plus loin dans le domaine de l'intégration, paraît inévitable si l'on veut continuer à progresser dans une Europe élargie.

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