Intervention de Paul Jacobs

Commission des affaires économiques — Réunion du 28 novembre 2007 : 2ème réunion
Audition de M. Paul Jacobs président directeur général de qualcomm

Paul Jacobs :

s'exprimant en anglais, a rappelé que la société Qualcomm avait été fondée par son père, professeur d'université spécialiste des théories de la communication numérique, l'idée de départ de l'entreprise étant de permettre à l'électronique grand public de bénéficier de l'augmentation des capacités de calcul électronique, jusqu'alors surtout employées dans le domaine militaire. C'est ainsi que la société a commencé par développer un système satellitaire de guidage des camions de transport.

Puis l'activité s'est davantage spécialisée dans le secteur de la communication cellulaire, qui est à la base de la troisième génération de téléphonie mobile qui prend notamment la forme de la norme Universal Mobile Telecommunications System (UMTS). Il a précisé que Qualcomm intervenait de deux manières dans ce secteur : d'une part, en déposant des brevets et en acquérant des licences et, d'autre part, en fabriquant, non plus des équipements, mais uniquement des puces destinées à être utilisées par les fournisseurs des terminaux qui seront eux-mêmes vendus aux opérateurs de télécommunications.

Il a insisté sur l'importance accordée à la recherche & développement dans le domaine des réseaux sans fil de téléphonie mobile, considérant que l'avenir était incontestablement au haut débit mobile dont bénéficient déjà les 530 millions d'abonnés au téléphone de troisième génération dans le monde. Il a estimé que l'évolution majeure à venir concernerait l'augmentation du débit des communications, celui-ci devant passer en quelques années de quelques Mbps à quelques centaines de Mbps, ce qui permettra d'offrir un grand nombre de services nouveaux tels que la télévision, les jeux vidéo, la création d'un portefeuille électronique, la publicité localisée ou bien d'autres applications. Ces progrès sont liés à la hausse très forte de la capacité de calcul des microprocesseurs, multipliée par 200 ces dix dernières années, alors même que les applications actuelles n'utilisent que 10 % de ces capacités nouvelles.

Avançant l'idée selon laquelle le téléphone de demain s'apparenterait de plus en plus à un petit ordinateur, il a présenté aux membres de la commission quelques exemples de produits comme un téléphone portable offrant la gratuité des conversations téléphoniques en utilisant le système Skype par internet ou encore un livre électronique sur lequel sont téléchargés les contenus que le consommateur peut commander sur le site de la société Amazon. Il a aussi indiqué que Qualcomm travaillait actuellement avec Google à la mise en place d'une plateforme susceptible d'utiliser librement un certain nombre de logiciels en open source, c'est-à-dire en libre accès.

a fait valoir que les technologies de troisième génération constituaient une réponse aux besoins de télécommunications des pays en voie de développement, citant l'exemple d'un téléphone de troisième génération actuellement commercialisé en Inde pour moins de 20 dollars américains. Outre les fonctions de géo localisation, de visionnage de contenus audiovisuels ou d'accès à internet, ces téléphones peuvent aussi remplir des fonctions d'intérêt social majeur.

A ce titre, il a cité le domaine de la formation à distance en prenant l'exemple d'expériences menées au Mexique, de l'administration électronique (le e-government) déjà pratiquée dans certains villages en Indonésie et surtout des applications dans le domaine de la santé. Evoquant des actions de connexion avec les hôpitaux déjà conduites au Pérou, il a considéré que les nouvelles technologies de la télécommunication devaient permettre de réduire l'écart entre d'une part, des besoins sanitaires qui augmentent et, d'autre part, des médecins qui vieillissent et ont de plus en plus de difficultés à se déplacer. Il a aussi pris l'exemple des capteurs cardiaques qui permettent de réaliser des diagnostics dans des conditions beaucoup plus économiques et même beaucoup plus fiables que lors d'examens à l'hôpital, les observations réalisées lorsque les personnes sont en mouvement étant plus exploitables pour les cardiologues.

Puis M. Paul Jacobs a présenté l'activité de son entreprise dans le domaine de la télévision par téléphone mobile. Il a ainsi rappelé que Qualcomm avait acquis aux enchères le canal 55 (UHF) se situant dans la bande des 700 mégahertz aux Etats-Unis et que cela avait permis de développer d'autres utilisations de la télévision, telles que la diffusion de programmes de qualité en milieu de journée et non seulement aux heures traditionnelles de grande écoute, ou encore la diffusion d'informations à l'occasion d'événements graves comme les incendies en Californie. Soulignant son intérêt pour cette activité en Europe, où plusieurs technologies sont utilisées, dont celle proposée par Qualcomm, il a plaidé pour le respect du principe de neutralité technologique. Il a salué l'action décisive de la France dans la récente identification, lors de la Conférence mondiale des radiocommunications tenue à Genève, d'une bande de fréquence de 72 mégahertz, tout en précisant qu'une bande de fréquences de 70 mégahertz permettrait le développement du haut débit mobile, qui n'en est qu'à ses débuts.

Il a cité l'exemple de l'Australie, où un opérateur lui avait confié récemment qu'il prévoyait que la voix n'utiliserait plus bientôt que 20 % des capacités des réseaux des télécommunications mobiles et que 80 % seraient consacrés au transfert de données, ce qui s'explique aisément par le fait qu'un transfert de contenu vidéo nécessite 20 à 100 fois plus de capacité que l'échange d'une conversation téléphonique. Il a ajouté que Qualcomm prévoyait de construire des puces permettant à des ordinateurs portables d'utiliser aussi le haut débit mobile, précisant que Hewlett-Packard devrait être leur premier partenaire à utiliser cette technologie.

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