A la première question relative au capital familial, M. Franck Riboud a rappelé qu'il n'était pas à proprement parler personnellement concerné puisqu'il s'agissait dans son cas d'une succession dans la conduite de l'entreprise -qualifié de « management familial »- et non d'un héritage dans la détention du capital. En revanche, il a considéré que le capital familial constituait un mode d'organisation spécifique, qui n'était pas forcément le meilleur dans tous les cas, mais qui présentait certains atouts comme celui d'inscrire l'entreprise concernée dans une histoire qu'il convient de faire continuer. L'essentiel des acquisitions de Danone concernant d'ailleurs des entreprises issues du capitalisme familial, il a observé que ces dernières étaient particulièrement sensibles au fait que leur culture soit respectée par le repreneur, notant d'ailleurs que Danone était, par son histoire, très attachée à offrir de telles garanties aux sociétés rachetées par exemple en intégrant les enfants des dirigeants dans l'encadrement du groupe. Il a précisé qu'à conditions économiques égales ceci constituait un avantage incontestable pour Danone face à ses concurrents.
Concernant les moyens d'attirer des centres de décision économique en France, il a estimé primordial de lutter contre des idées reçues dont notre pays est trop souvent victime, estimant pour sa part que les lois sociales françaises n'étaient en rien une gêne au développement des entreprises. Plus précisément, il a considéré qu'il était nécessaire de communiquer sur les atouts de la France, en particulier en termes de logistique, de qualité de l'environnement, de l'éducation et de la main-d'oeuvre, étant entendu que certains pays comme l'Irlande ou la Suisse ont pris de l'avance dans ce type de communication et la mise en valeur de leurs atouts.
A ces atouts traditionnels, il a ajouté l'importance de l'ouverture à la langue anglaise qui est un des critères de l'image internationale d'un pays.
Sur ce point précis, en réponse à M. Philippe Marini, président, qui souhaitait savoir quelle était la langue de travail au siège du groupe Danone, M. Franck Riboud a indiqué que la règle était que les Français devaient comprendre les étrangers lorsqu'ils s'expriment en anglais et que, réciproquement, les étrangers devaient comprendre les Français lorsqu'il s'expriment dans leur langue maternelle, ce code de conduite partant du principe qu'il est moins difficile de comprendre une langue que la parler.
Au sujet de la troisième question du rapporteur relative aux LBO, M. Franck Riboud a estimé que ces derniers ne méritaient ni l'excès d'honneur ni celui d'indignité dont ils étaient parfois l'objet dans la presse économique. Il a rappelé que les LBO étaient nécessairement une formule en plein développement dans la mesure où il existe des liquidités extrêmement abondantes sur le marché mondial, propres à s'investir dans les entreprises et susceptibles de financer des offres pour la totalité des projets de restructuration. Il a admis que les LBO pouvaient avoir l'avantage de permettre à l'entreprise de ne pas être soumise aux pressions de la bourse pendant une période donnée, qui peut être suffisante pour permettre son redressement. En revanche, il s'est déclaré sensible au fait que la direction mise en place à l'occasion d'un LBO poursuit, par définition, des objectifs exclusivement financiers, à l'exception de toute autre considération, dans la mesure où la stratégie même de reprise de la société repose sur le bénéfice d'un effet de levier. Il a ainsi fait valoir qu'un certain nombre de redressements d'entreprises avaient été effectués par des LBO alors qu'ils n'auraient pu l'être à la suite d'une reprise par Danone, compte tenu en particulier des valeurs du groupe qui assortit ses objectifs économiques d'une responsabilité vis-à-vis de la société tout entière.