Intervention de Michèle Alliot-Marie

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 21 décembre 2010 : 1ère réunion
Audition de Mme Michèle Alliot-marie ministre d'etat ministre des affaires étrangères et européennes

Michèle Alliot-Marie, ministre d'Etat :

Il met en cause la France en mentant effrontément, pour mieux camoufler certains errements... Mais il aussi annoncé que des consignes seraient données afin que l'on ne s'en prenne pas aux Français ni aux Européens. Les cinquante morts déplorés par l'Onu n'ont pas bénéficié de la même mansuétude... Mon expérience me rend néanmoins méfiante : en cas de violences, des groupes contrôlés ou incontrôlés peuvent s'en prendre à n'importe qui.

Venons-en à la situation politique. Dix ans après une première élection, Laurent Gbagbo a accepté de remettre son mandat en jeu. Le premier tour s'est passé correctement, mais le second tour a suscité de vives tensions. L'élection avait lieu sous le contrôle d'une commission indépendante composée de parlementaires de tous bords, et d'un représentant du secrétaire général de l'ONU. Lors du dépouillement, M. Ouattara est rapidement apparu en tête ; certains ont crié à la fraude, mais l'intéressé n'a pas obtenu plus de voix dans le nord du pays au second tour qu'au premier : l'écart des taux tient au fait que de nombreux électeurs favorables à d'autres candidats ne se sont pas rendus aux urnes. La commission avait trois jours pour proclamer les résultats, mais on l'a empêchée manu militari de le faire à la radio : vous avez sans doute vu les images. Les résultats n'ont donc pu être proclamés que quelques heures après le délai imparti. Le Conseil constitutionnel, acquis à Laurent Gbagbo puisque tous ses membres ont été nommés par lui, a alors annoncé sa victoire. Le représentant du secrétaire général de l'ONU, de son côté, a reconnu les résultats proclamés par la commission. Il a été imité par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), l'Union africaine, l'Onu et l'Union européenne.

Laurent Gbagbo refuse toujours de quitter la présidence, tandis qu'Alassane Ouattara réside à l'hôtel du Golf. Tous deux ont nommé un premier ministre : M. Ouattara a nommé Guillaume Soro, ancien premier ministre de M. Gbagbo. Cerné par les soldats de M. Gbagbo, il n'est approvisionné que par hélicoptère. La communauté internationale a mis en garde le président sortant et commencé à prendre des sanctions : l'Union européenne a interdit de visa dix-neuf membres de son entourage, et envisage de geler leurs avoirs. La CEDEAO a demandé à la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest de ne plus reconnaître sa signature, mais celle de son concurrent. L'Union africaine se réunit aujourd'hui, la CEDEAO vendredi. Lundi, M. Gbagbo a demandé le retrait de la force de l'Onu en Côte-d'Ivoire (Onuci), M. Ouattara son maintien, et les Nations unies ont arbitré à l'unanimité en faveur du maintien. Des sanctions économiques sont envisagées, qui doivent être aussi individualisées que possible, afin de ne pas pénaliser la population ; on pourrait ainsi empêcher M. Gbagbo de payer la solde de ses soldats, mais il semble qu'il dispose encore d'une trésorerie suffisante pour un mois, voire un mois et demi.

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