Intervention de Pierre Mauroy

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 21 décembre 2010 : 1ère réunion
Audition de Mme Michèle Alliot-marie ministre d'etat ministre des affaires étrangères et européennes

Photo de Pierre MauroyPierre Mauroy :

Nous vous avons écouté avec plaisir, madame. La France n'est plus une grande puissance, elle a davantage besoin de son rayonnement et de son ministère des affaires étrangères. Précisément, la coopération décentralisée, longtemps décriée par le ministère, a obtenu des résultats extraordinaires et le succès de certaines réunions internationales donne le sentiment que si le réseau est très important, il a subi un affaiblissement alors qu'il y a là un dynamisme propre à servir grandement les intérêts de la France.

Je suis de ceux qui ont été pendant des années proches de Laurent Gbagbo. Il a coopéré avec la fondation que je préside et certains de mes anciens collaborateurs ont été très actifs autour de cette personne qu'on aurait tort de prendre pour un rustre. Accrocheur, à la fois instinctif et cérébral, il s'est mis dans une situation impossible ; il a été incontestablement battu, toutes les instances internationales et européennes l'ont admis, la cause est entendue... sauf par lui. Que veut-on ? Le pire danger, vous l'avez signalé. La Côte d'Ivoire est un pays complexe : une communauté existe au Sud, le Nord ayant un autre caractère ; il y a des chrétiens et des musulmans, dont il est rare qu'ils s'entendent bien - ils se divisent plus souvent qu'ils ne se rassemblent. Bien sûr... Mais la complexité est partout et il faut surtout éviter l'embrasement du pays, de l'Afrique. Regardez les exemples de partition : elle ne règle rien. On en avait d'ailleurs parlé à propos de l'Algérie et, heureusement, de Gaulle ne l'a pas voulue. Evitons un engrenage qui conduirait Gbagbo et son entourage au durcissement tandis que les choses s'enflammeraient inéluctablement, que la situation deviendrait ingouvernable et le dialogue impossible.

La diplomatie retient plus qu'elle ne pousse et je comprends assez mal certains propos et le ton du président de la République quand il parle d'ultimatum. Laurent Gbagbo est un homme aguerri et il ne faut pas mettre nos troupes en danger comme on l'a vu naguère. Evitons donc l'embrasement et la partition dans une extrême complexité, presque un méli-mélo. Gbagbo est aussi un comédien habile. La communauté africaine a réagi vite.

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