Je lève d'emblée l'ambiguïté : je visais des filières bilingues, très demandées par les élèves et propres à motiver des étudiants de bon niveau qui souhaitent poursuivre. Je souhaite d'ailleurs voir aussi se développer, dans les projets d'établissement, des filières multilingues (M. le président approuve), qui mettent à profit les atouts des territoires. Je regrette que la faculté de Lille ne dispense pas de cours de néerlandais, que l'université de Perpignan ne propose pas de filière bilingue espagnol, comme je suis effarée de constater qu'il n'existe plus, à Strasbourg, d'étudiants totalement germanophones. C'est là un vrai problème, et un vrai sujet pour des universités autonomes, animées d'un objectif de professionnalisation des étudiants. Certaines universités plus modestes ont en revanche fait des choix audacieux. C'est le cas des langues orientales, à la Rochelle, animée sans doute par sa tradition d'exploration du Nouveau Monde... Je regrette que la France, cinquième puissance mondiale, ne joue pas à plein la carte du plurilinguisme. Il est difficile de trouver des enseignants ? Mais les professeurs de langue sont aussi attachés à l'enseignement de civilisation : je leur dis « banco », qu'ils le fassent en anglais. Nous avons un problème dans l'enseignement, en France, des langues étrangères : on n'apprend pas à les parler. Nous sommes le seul pays où existe cette incongruité que les élèves de terminale passent leur première langue à l'écrit, et le latin à l'oral...
Les opérations réalisées en 2009-2010, monsieur Renar, via des partenariats public-privé réalisés en crédits budgétaires concernent la Sorbonne - pour Clignancourt et Paris IV -, Paris VII et le campus de chimie des Grands moulins, Versailles-Saint-Quentin et le zoo de Vincennes. En 2011, 238 millions seront consacrés à la rénovation de campus - Toulouse-Le Mirail, Le Havre, Créteil-Marne-la-Vallée, Valenciennes, Dijon, autrement dit, pour les quatre derniers, les sites de taille moyenne qui ont reçu le prix spécial du jury pour leurs projets innovants.
À cela s'ajoutent les cinq milliards de dotation en capital au bénéfice des sites retenus par le plan Campus, dont s'inquiètent M. Dauge et Mme Cartron, qui concernent 46 universités, soit plus de la moitié du parc, et 40 écoles. Il est logique que les grandes métropoles soient les plus concernées, dès lors que les plans précédents, mis en oeuvre par M. Jospin puis M. Allègre, ont financé les IUT, le développement des pôles de proximité et les nouvelles universités de banlieue : les universités les plus vétustes sont aujourd'hui celles des grandes métropoles, dont Paris, en particulier pour les campus de sciences humaines et sociales.
En attendant que soient finalisés les partenariats public-privé, fin 2011, nous employons les 270 millions d'intérêts de la dotation pour ouvrir 58 chantiers liés à la vie étudiante - cafétérias, espaces verts, bibliothèques...-, dont les universités seront maîtres d'ouvrage. Ils seront pilotés par les PRES, ou, pour Strasbourg, par l'université.
Il est vrai, madame Cartron, que les collectivités participent au financement, très inégalement cependant - et j'espère que le premier bilan, dont il ressort que Paris et l'Île-de-France ne mettent pas un euro hors contrat de projet, fera évoluer les esprits... L'Aquitaine est en revanche exemplaire, puisque Bordeaux et sa communauté ont choisi de financer à parité : un euro pour un euro. Cela est remarquable. Même chose en Languedoc-Roussillon. Le Nord-Pas-de-Calais, qui n'avait pas été sélectionné dans le premier appel à projet, fait lui aussi un effort... Mais la moyenne des cofinancements ne dépasse pas 40 %. Tel est le cas en Alsace, ou en Rhône-Alpes, où il est vrai qu'il faut soutenir deux sites, à Lyon et à Grenoble. Ceci pour dire que je regrette certains choix, car c'est le territoire qui en pâtit.
Ce n'est pas aux financeurs de piloter : ils sont présents dans les conseils d'administration - où d'ailleurs l'État ne siège pas, ce qui peut poser problème... Reste qu'il y a eu appel à projets, validés par un jury international : nous savons où nous allons. Au moment de la dévolution du patrimoine immobilier, les universités présenteront un schéma directeur d'aménagement, et l'on retombera dans une relation contractuelle classique.
Vous m'interrogez, monsieur Renar, sur le GVT. À terme, tous les établissements seront autonomes et devront gérer l'évolution de la pyramide des âges. Nous sommes pour l'heure en période transitoire, et nous leur laissons donc le temps. Il revenait donc au ministère d'être vigilant, mais nos prévisions sont un peu bousculées par les nouvelles dispositions de la loi sur les retraites, qui permettent de dépasser la limite d'âge à ceux qui manquent de trimestres. Nous allons aider les universités qui ont un GVT en expansion, mais il faudra qu'à terme elles l'intègrent dans leur calcul. Cela serait trop facile de se tourner vers l'État quand on est en difficulté, alors que l'on ne reverse pas quand la situation est meilleure. J'ajoute que l'État ne saurait avoir de relation directe annuelle avec des universités autonomes, au même titre qu'il s'en abstient avec le CNRS... Il faudra peut-être, cela étant, faire émerger avec doigté, dans les rectorats, des interlocuteurs financiers pour les universités en région.
Vous doutez, monsieur Bodin, des vertus du CIR. Oui, la France est au seizième rang mondial pour l'investissement dans la recherche des entreprises au regard de son PIB. C'est bien pourquoi nous avons créé le CIR. On ne peut pas transformer d'un coup les décisions d'investissement à dix ans des entreprises. Notre structure entrepreneuriale n'est pas innovante. Pour la changer, et aller vers un modèle à l'allemande, il faut être très volontaire aussi je vous adjure de maintenir le CIR - les abus, nous les surveillerons.
Pour la retraite des chercheurs, nous avons complètement changé le mode de calcul, répondant par là à la demande des enseignants-chercheurs, en transformant le statut des doctorants, qui passent d'allocataires de bourses à contractuels de la fonction publique. Les « post-doc », y compris à l'étranger, pourront aussi être pris en compte et l'ancienneté sera retenue dès qu'ils décrocheront un emploi statutaire - cela vaut pour l'avenir, pas pour le passé.
Le coût d'un étudiant en classe préparatoire reste depuis 2007, madame Cartron, à 14 000 euros. Les 19 % d'augmentation du coût d'un étudiant classique constituent donc un rattrapage. J'ajoute que nous avons mis 1 500 places aux concours de sortie de khâgne, en intégrant les concours de l'IEP, de HEC, de l'ESSEC... Alors que l'on peut mettre quarante élèves en khâgne, la moyenne n'est aujourd'hui que de dix-sept. Il faut remplir les classes, en offrant des débouchés aux littéraires.
Sur le logement étudiant, une conférence s'ouvrira prochainement avec les collectivités territoriales. Nous voulons renforcer les modules de renforcement en langue française : leur succès est tel qu'ils sont du coup pris d'assaut. Il serait bon d'évoquer la question avec M. Luc Chatel...