Intervention de Valérie Pécresse

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 2 novembre 2010 : 1ère réunion
Loi de finances pour 2011 — Audition de Mme Valérie Pécresse ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche

Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche :

Mme Blandin, notre idée est qu'Universcience, qui s'est vu transférer 3,6 millions, soit l'agence de la culture scientifique et gère les crédits du grand emprunt prévus à cette fin. Comme à l'étranger, on pourrait prévoir qu'un pourcentage des crédits dispensés par l'ANR soit consacré à la diffusion culturelle.

Vous demandez, monsieur Demuynck, une extension de la garantie location à tous les bailleurs de logements étudiants. Votre appui a été précieux pour l'APL. Je vous engage à poursuivre...

Le bilan de la prime à l'excellence scientifique est conforme aux attentes : 16 % des laboratoires de l'institut national de la recherche agronomique (INRA) et 10 % de ceux de l'INSERM l'ont demandée, ce qui représente 5 % des chercheurs, soit un taux conforme à la prévision de 20 % sur quatre ans. Parallèlement, nous mettons en place un intéressement collectif des équipes sur les contrats passés, y compris avec l'ANR.

Le milliard du Grenelle est plus que dépensé, dépassé, puisque nous y serons dès 2011. Les organismes ont réorienté leur programmation vers les priorités du Grenelle. L'ANR est concernée pour 212 millions, l'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) pour 450 millions. La mobilisation est donc exceptionnelle.

Je remercie Mme Mélot de son appréciation. Les frais illégaux, madame Papon, sont quasiment en extinction. On ne déplore plus que des frais de dossiers, certes illégaux, mais qui ne dépassent guère les vingt euros. Nous restons cependant vigilants.

Il y aura une conférence nationale sur le classement des universités de France. Je me suis rendue à Jiao Tong, à la suite des Finlandais, qui ont depuis deux universités classées... Je me suis aperçue que seules 50 % des publications de nos unités de recherche sont prises en compte : nos universités ne sont pas bonnes communicantes... Se pose aussi la question des critères : l'accueil des étudiants compte, il n'est pas vulgaire de s'en soucier... Le classement du Times pose lui aussi problème : la France est loin d'être en réalité douzième. Mais les indicateurs sont mal renseignés : certaines universités négligent de répondre, au prétexte qu'elles manquent de temps.

Des classements existent en Europe. Celui de l'Allemagne classe ainsi quatorze universités françaises. Le classement européen se bâtira sur ce modèle, discipline par discipline, pour une vraie mobilité des chercheurs...

Nous ne disposerons des données sur la répartition des étudiants que mi-novembre, mais je puis vous dire dès à présent, monsieur Bodin, que la préinscription en premier cycle à l'université, hors IUT, constitue un premier choix pour 13 % d'étudiants supplémentaires : c'est là un indicateur qualitatif qui témoigne d'un choix de coeur important, quand le quantitatif est biaisé, puisqu'il comporte des choix par défaut. Sans doute faut-il attribuer ces bons résultats au développement de filières sélectives dans les universités nouvelles, comme les doubles diplômes. En 1990, un million d'étudiants étaient inscrits en filière générale à l'université, et 160 000 en filières sélectives. En 2010, les filières sélectives concernaient un tiers des étudiants, soit une multiplication par trois, contre seulement 20 % d'augmentation en filières générales. Mais il existe aussi à l'université des filières générales sélectives, qui répondent à un incontestable besoin d'encadrement, comme la médecine ou le droit ; les sciences humaines et sociales ne doivent pas avoir peur de s'y engager.

Pour favoriser la diversité, il faut, au-delà des bourses, faire entrer dans les écoles. S'il est légitime que les concours évaluent un niveau académique, certaines épreuves, comme l'addition du thème et de la version en langues vivantes, ressemblent à une double peine : traduire la langue de Shakespeare dans la langue de Baudelaire... Mieux vaudrait évaluer les capacités à se débrouiller dans la langue. L'école Centrale travaille avec une cellule de linguistes à faire évoluer les épreuves, afin de les rendre moins discriminantes. Il convient aussi d'améliorer les épreuves orales, pour mieux tenir compte de l'intensité des parcours des étudiants, ainsi que le font toutes les universités dans le monde. Un étudiant boursier de Clichy n'a pas eu un parcours aussi aisé qu'un élève qui sort de Louis-le-Grand. Il est donc bon d'introduire un critère de « réussite dans l'adversité », quand aujourd'hui, l'oral reste « un écrit debout ».

En matière de formation des maîtres, monsieur Bodin, nous sommes en période transitoire : nous allons améliorer le dispositif. Une maquette intéressante est déjà à l'étude. Nous explorons, avec Luc Chatel, l'idée d'un post-master en alternance, qui pourrait encourager les plus défavorisés à se lancer dans la carrière.

Trente et un administrateurs au conseil d'administration de l'établissement public de Saclay, monsieur Bodin, et trente et un hommes ? Je suis atterrée. D'autant que je suis en train de tenter de débaucher une femme pour la présidence de la fondation de coopération scientifique... La difficulté tient à ce que chaque ministre a à nommer quelques personnes. Même chose pour les élus.

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