Intervention de Jacques Legendre

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 3 novembre 2010 : 1ère réunion
Audition de M. Bruno Racine président du haut conseil de l'éducation sur le rapport de 2010 sur le collège

Photo de Jacques LegendreJacques Legendre, président :

Je me permettrai un point d'histoire sur ce qui s'est passé en 1975, car je pense qu'on peut en tirer quelques leçons. Il n'y a pas eu une loi mais deux.

Une première loi a été préparée en 1974 par M. Joseph Fontanet, alors ministre de l'éducation nationale. Cette loi portait sur le collège et voulait développer la personnalité du collège avec un type d'enseignant particulier. Elle était soutenue par un syndicat d'enseignants qui s'appelait le syndicat national des collèges. Elle prônait la bivalence des enseignants.

L'approche a été différente avec la loi Haby. Tout le monde oublie qu'il y avait aussi un volet réforme de l'enseignement secondaire. Le ministre René Haby était plus intéressé par la réforme du collège que par celle du lycée, la réforme du collège répondant à une demande de l'opinion publique et des fédérations de parents d'élèves. À mon avis, le débat a été pollué à l'époque par des batailles corporatistes entre syndicats d'enseignants. Le syndicat national des instituteurs voulait étendre leur domaine de compétences jusqu'à la 3e. Le syndicat national des collèges voulait son pré carré, les collèges, et le syndicat national des enseignements de second degré (SNES) revendiquait de la 6e jusqu'au baccalauréat. Les ministres étaient sommés de choisir et de savoir sur quel interlocuteur syndical ils s'appuieraient. Cela s'est comme d'habitude terminé par une côte mal taillée. On a laissé coexister dans le malheureux collège des élèves de type collège, des élèves de type lycée sans oser déterminer quel était véritablement l'objectif. Pour ma part, j'étais persuadé que le noeud était le baccalauréat qui tenait l'ensemble et qui était le point final, l'objectif étant d'arriver jusque-là.

Il y avait un autre débat qui polluait un peu la réforme : à quel niveau se ferait l'orientation au collège ? En fin de 3e ou dès la 4e ? On s'est orienté vers un système où on a conclu que les élèves de type II étaient capables de suivre une scolarité de type I et ceux de type III pour ne pas tomber dans l'accusation de discrimination sociale, ont été mis avec les autres. Statistiquement, on a mis tout le monde dans le même moule sans s'interroger pour savoir si on aurait les pratiques qui permettraient aux élèves du type III de réussir comme ceux du type I ou du type II. Ils ont donc été dans la même école sans avoir les mêmes chances. Je vous livre le sentiment que j'ai eu à l'époque. Il me semblait qu'on était en train de dilapider un capital qui était la capacité pour certains enseignants de faire réussir des jeunes de milieux différents à travers des méthodes différentes.

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