Intervention de Pierre Morel

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 16 décembre 2008 : 1ère réunion
Union européenne — Audition de M. Pierre Morel représentant spécial de l'union européenne en géorgie

Pierre Morel, représentant spécial de l'Union européenne pour la Géorgie :

En réponse à ces interventions, M. Pierre Morel a apporté les précisions suivantes :

- les Etats-Unis ont coutume de réaliser une évaluation critique de leur politique, notamment dans le cadre des travaux des commissions du Congrès ; une telle évaluation n'a pu avoir lieu sur la crise géorgienne, compte tenu de la période électorale et de la phase de transition en cours ; il serait néanmoins très utile que ce travail soit effectué, pour mieux cerner la politique américaine dans les mois qui ont précédé le conflit ;

- beaucoup de conseillers étrangers, pas seulement américains, sont présents auprès des institutions géorgiennes depuis plusieurs années ; en ce qui concerne l'assistance à l'armée géorgienne, les Etats-Unis semblent avoir fait preuve d'une grande prudence, notamment en matière de livraison de matériels ;

- la crise actuelle ne rend que plus nécessaires les contacts et les conseils bien choisis auprès de l'armée géorgienne ;

- alors qu'au cours des derniers mois la tendance à la présidentialisation du régime s'est accentuée, le débat politique intérieur pourrait être relancé par des personnalités tenant à se démarquer du président Saakashvili, telles que Mme Nino Bourdjanadze, ancienne présidente du parlement géorgien, ou M. Irakli Alasania, qui a récemment démissionné de ses fonctions d'ambassadeur de le Géorgie aux Nations unies ;

- l'Allemagne a pleinement soutenu les initiatives de la présidence de l'Union européenne lors du conflit ; elle avait joué un rôle actif d'intermédiation sur la question de l'Abkhazie jusqu'en juin-juillet dernier ;

- la force européenne de gendarmerie n'a pas été déployée en Géorgie, mais l'amalgame s'effectue très facilement sur le terrain entre les différentes nationalités ; les gendarmes français travaillent en très bonne coopération avec leurs homologues polonais ou bulgares ;

- l'assistance économique et financière à la Géorgie est aujourd'hui indispensable ; un effondrement économique viendrait aggraver considérablement les conséquences du conflit ;

- l'attribution de passeports russes en Géorgie a accentué les différends ethniques ; la déclaration d'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud crée de nouvelles difficultés ; ainsi, les réfugiés géorgiens de la région de Gori ne peuvent actuellement retourner en Abkhazie ; s'ils ne prennent pas la nationalité abkhaze, ils devront solliciter une carte de résident ;

- les implantations militaires russes se sont considérablement renforcées depuis l'été, notamment en Abkhazie sur la base de Goudaouta et le port d'Otchamtchira qui pourrait devenir une base navale importante dans la perspective d'un départ de la flotte russe de Sébastopol.

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