Intervention de Bruno Le Maire

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 18 décembre 2008 : 1ère réunion
Union européenne — Conseil européen des 11 et 12 décembre 2008 - Audition de M. Bruno Le maire secrétaire d'état chargé des affaires européennes

Bruno Le Maire, secrétaire d'État chargé des affaires européennes :

En préambule, M. Bruno Le Maire, secrétaire d'État chargé des affaires européennes, a tout d'abord rendu hommage à l'action de son prédécesseur, M. Jean-Pierre Jouyet. Il a indiqué que, en tant qu'ancien parlementaire, il était très attaché aux relations avec les assemblées et qu'il avait une conception politique de sa fonction.

Il a souligné que, après plusieurs décennies de construction européenne où la Commission européenne et l'intégration juridique jouaient un rôle central, l'Europe traversait actuellement une période de transition, marquée par des interrogations des citoyens sur la légitimité du processus de décision, souvent relayées par les responsables politiques nationaux eux-mêmes, et par un rééquilibrage en faveur de l'intergouvernemental au sein de l'architecture européenne.

L'année 2009 devrait à cet égard être déterminante, avec deux scénarios possibles. Le premier scénario positif serait marqué par une bonne campagne électorale pour les élections européennes, un véritable débat avec les citoyens et un vote positif des Irlandais lors du second référendum sur le traité de Lisbonne.

A l'inverse, le scénario négatif se caractériserait par des résultats décevants aux élections européennes et l'échec du second référendum irlandais.

Abordant ensuite le bilan de la présidence française de l'Union européenne, M. Bruno Le Maire, secrétaire d'État chargé des affaires européennes, a indiqué que sur les questions économiques et financières, l'Union européenne s'était montrée capable de répondre rapidement à la crise, en mettant en place de nouvelles règles et en adoptant un plan de relance. Pour être efficace, ce plan doit s'appuyer sur une coordination suffisante entre les Etats membres et tenir compte des différences de choix stratégiques économiques.

En effet, il faut concilier la relance par la consommation et la baisse de la TVA, telle qu'elle est pratiquée par la Grande-Bretagne, et la relance par l'investissement, privilégiée par la France et l'Allemagne.

A plus long terme, la question se pose de savoir si nous serons capables de retranscrire cette volonté européenne en mettant en place une véritable gouvernance économique qui permettrait enfin à l'Union européenne d'agir de manière coordonnée et de mettre en oeuvre les règles régulant les marchés à l'échelle de la communauté internationale dans son ensemble, notamment à l'occasion de la réunion du G20 à Londres.

Sur le paquet énergie-climat, M. Bruno Le Maire a déclaré qu'il assumait totalement le compromis trouvé par le Conseil car il lui paraissait très difficile de vouloir préserver nos industries sur les territoires nationaux tout en imposant des normes environnementales trop contraignantes, comportant des risques de délocalisations, notamment pour l'Allemagne. De même, il faut tenir compte de l'histoire des pays d'Europe centrale et orientale, comme la Pologne, dont la production énergétique repose à 90 % sur des centrales au charbon.

Enfin, concernant les relations franco-allemandes, M. Bruno Le Maire a reconnu que des incompréhensions s'étaient développées entre les deux pays ces dernières années. Cela n'a rien à voir avec les relations personnelles entre le Président de la République et la Chancelière, qui sont bonnes. Mais il faut faire le constat que nos intérêts et nos stratégies économiques peuvent parfois diverger. Ainsi, dans le domaine industriel, contrairement à la France, l'Allemagne a fait le choix de l'exportation massive, de l'intégration des filières et de la délocalisation de la production des biens de première nécessité, en concentrant dans le pays uniquement l'assemblage et les réalisations qui demandent du savoir-faire.

Il en va de même dans le domaine financier, notamment s'agissant de nos conceptions relatives à la politique monétaire.

En matière budgétaire, les Allemands ont réalisé un important effort de redressement budgétaire qui s'est traduit par un retour à l'équilibre des finances publiques en moins de cinq ans.

En matière de coopération, il importe de ne donner aucun signal négatif et d'exprimer notre volonté de garder de fortes relations culturelles avec ce pays.

Enfin, M. Bruno Le Maire a rendu hommage au travail de mémoire exceptionnel réalisé par les Allemands qui leur a permis de reconstruire une identité à la fois forte et responsable et qui leur donne aujourd'hui le droit d'assurer leur position en Europe et dans le monde.

En conclusion, M. Bruno Le Maire s'est déclaré persuadé que c'est autour du couple franco-allemand, qui ne doit pas être exclusif, mais reste le moteur de l'Europe, que l'on pourra réellement renforcer l'Europe politique.

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