Intervention de Daniel Reiner

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 3 novembre 2009 : 1ère réunion
Loi de finances pour 2010 — Audition du général jean-paul paloméros chef d'état-major de l'armée de l'air

Photo de Daniel ReinerDaniel Reiner, co-rapporteur du programme 146 (partie équipements conventionnels) :

a demandé au général Paloméros quels étaient les enseignements que l'armée de l'air tirait de l'engagement en Afghanistan en termes d'équipements et de doctrines d'emploi, et, concernant le projet Neuron du consortium emmené par Dassault aviations, quel était, selon lui, l'avenir de ce type de drones appelé à remplacer des avions de chasse. Il a interrogé le général Paloméros sur la notification, avant la fin de l'année, de la tranche T 4 des commandes du Rafale. Il a souhaité savoir pourquoi la solution du MRTT (multi role tanker and transport) A330-200 avait été écartée comme solution palliative au retard de l'avion A400M. Il a demandé si, compte tenu de la faiblesse du seuil final à atteindre pour les effectifs de l'armée de l'air, cela permettrait néanmoins un renouvellement des générations. Il a questionné le chef d'état-major de l'armée de l'air sur le résultat des expériences menées quant à la constitution de bases de défense. Enfin il l'a questionné sur la livraison des avions à usage gouvernemental ainsi que celle, en 2010, d'un aéronef spécialisé dans le renseignement électromagnétique.

En réponse, le général Jean-Paul Paloméros, a indiqué que, effectivement, il n'était pas trop tôt pour se poser la question des enseignements, et que, au contraire, il fallait réagir aussi vite que possible. De ce point de vue, citant la célèbre maxime d'Auguste Comte, « il faut savoir pour prévoir, afin de pouvoir », il a déclaré que le premier enseignement était l'importance du renseignement, et donc la connaissance à tout moment de la situation du théâtre, grâce aux drones. En Afghanistan, les forces américaines déploient trente six drones vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Le second enseignement est l'importance de l'intégration interalliée ainsi que l'interopérabilité. Il a souligné le rôle moteur des Etats-Unis d'Amérique à cet égard, qui diffusent leurs méthodes et leurs procédures. Ainsi, l'OTAN a découvert le système de liaison ROVER qui est un système américain. L'interopérabilité se construit très en amont. Pour l'influencer il faut d'abord avoir des idées et ensuite être capable de les mettre en oeuvre. Enfin, concernant l'interarmées, l'armée de l'air a consenti beaucoup d'efforts réellement nécessaires. Les opérations de l'armée de l'air sont couronnées de succès. L'entraînement paie.

Le troisième enseignement est que l'emploi des hélicoptères est un succès, notamment pour ce qui est du Caracal et du Tigre. Enfin, l'Afghanistan a montré l'insuffisance des moyens de l'aviation de transport tactique.

Sur la question des drones, le général Paloméros a indiqué qu'on ne pouvait pas en parler de façon générique, ni même en fonction de leur domaines d'évolutions en altitude, mais qu'il fallait les distinguer par leurs fonctions : renseignements tactique du fantassin, écoutes, etc... S'agissant de Neuron, il a indiqué que le démonstrateur technologique était le seul programme vraiment développé par les Européens. Il vise à démontrer que les technologies seront au rendez-vous lorsqu'on devra accomplir des choix. La question est de savoir quelle sera son efficacité unitaire. Sera-t-il utile dans les conflits de demain ? Est-ce que, en Afghanistan par exemple, il eût été utile d'avoir ce type de systèmes d'armes ? L'Ucav est une sorte de missile de croisière réutilisable. Il faudrait maintenant passer au démonstrateur opérationnel. Pour ce qui est des drones MALE il a indiqué qu'il y avait un risque très important de rupture capacitaire. Sur les trois véhicules déployés, un est en réparation en Israël et ne sera pas disponible avant le début de 2010. Un quatrième véhicule est en cours d'acquisition. Il a estimé nécessaire une politique plus ambitieuse, en conformité avec les objectifs du Livre Blanc et l'existence d'une vraie flotte de drones à l'horizon 2017.

Pour ce qui est de la quatrième tranche de la commande de Rafale, il a déclaré que celle-ci était techniquement prête et qu'il espérait qu'elle intervienne avant la fin de l'année.

S'agissant du MRTT, il a déclaré que le risque était effectivement de cumuler une lacune dans le transport tactique (A400M) avec une lacune dans le transport stratégique (MRTT), son souhait étant que cet avion soit commandé le plus tôt possible afin de ne pas hypothéquer l'avenir. Il a également souligné l'importance de ne pas perdre les savoir faire acquis sur le Transall tels que le posé d'assaut ou le largage de matériel à haute altitude.

Pour ce qui est de la réduction des personnels, il a déclaré que celle-ci n'était pas un problème en elle-même, mais que la difficulté était de l'effectuer en bon ordre, afin de conserver les équilibres délicats entre les personnels civils et les personnels militaires ainsi que les équilibres entre les générations. Il reste quatre ans pour faire cette transformation et l'année 2010 sera particulièrement importante. Il a souligné l'importance de la création du grand service de soutien de l'armée de l'air, question qui va de pair avec l'externalisation et génère des inquiétudes.

Concernant les bases de défense, les premières expériences se sont déroulées à Nancy, à Creil, à Avord et à Djibouti et sont des réussites. Mais il a tenu à préciser que les bases de défense ne sont qu'un moyen de réussir la réforme et ne sont pas un objectif en soi. L'objectif est de moderniser les moyens de soutien, d'harmoniser et de simplifier les processus car si on ne fait que les bases de défense, rien ne sera résolu.

Concernant la guerre électronique, le général Paloméros a confirmé la rénovation d'un avion Transall de type Gabriel. S'agissant des avions à usage gouvernemental, il a confirmé la livraison d'un Falcon 7X cette année, celle d'un second en 2010 ainsi qu'un Airbus A 330 présidentiel.

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