Pour bien comprendre, il faut revenir sur ce qu'était la Caisse des dépôts avant le 19 décembre 2008. Avant cette date, la Caisse des dépôts avait en charge un programme dans le cadre du programme France Investissement, qui était devenu une priorité pour le groupe en 2007 : cela consistait à investir dans les PME 400 millions d'euros par an via des fonds d'investissement principalement régionaux.
Avant 2007, la Caisse des Dépôts, dans le cadre du programme France investissement, investissait dans des PME, via des fonds d'investissement dans lesquels elle était minoritaire, et présentait un profil d'actionnaire institutionnel relativement passif. En 2007, j'ai décidé que la Caisse des Dépôts allait soutenir les PME, et j'ai mobilisé à cet effet 400 millions d'euros pour investir chaque année, soit plus d'un million d'euros quotidiennement en fonds propres. J'ai par ailleurs réorienté la Caisse des Dépôts, qui avait jusqu'alors l'image d'une banque d'investissement, vers l'investissement de long terme, en entretenant des relations avec les grands fonds souverains internationaux afin d'obtenir des capitaux à cet effet.
Suite à l'annonce par le président de la République, le 20 novembre 2008, de la création du Fonds stratégique d'investissement (FSI), il a été décidé que l'État contribuerait à hauteur de 10 milliards d'euros, que la Caisse des Dépôts apporterait une même somme, dont son portefeuille de participations dans les PME, et qu'elle gèrerait le Fonds. Je souhaitais éviter qu'il n'y ait, d'une part le FSI pour les grandes entreprises, et d'autre part CDC-Entreprises pour les PME. L'objectif de cette nouvelle structure est donc à la fois de sécuriser le capital des grandes entreprises françaises n'ayant pas d'actionnaire de référence, de soutenir les 220 fonds d'investissement nationaux et régionaux pour les PME et enfin d'agir en faveur des entreprises de taille intermédiaire (ETI), ceci constituant aujourd'hui le coeur de mission du FSI.
Les ETI sont en effet trop peu développées dans notre pays, qui ne comptait en 2009 que 4 200 entreprises comprenant de 250 à 5 000 salariés, dont 750 seulement ayant une activité industrielle, exportant, créant de l'emploi et, in fine, relevant du FSI. Du fait du désengagement des banques et des assurances du soutien aux entreprises, la Caisse des Dépôts est désormais - aux côtés de familles plaçant leurs fonds dans des family offices et des grands investisseurs internationaux pratiquant le private equity - l'interlocuteur idéal pour celles de ces entreprises recherchant des fonds propres de l'ordre d'une cinquantaine de millions d'euros. Au terme de cette évolution, l'activité du FSI se partage entre des participations de 15 à 30 % dans des entreprises intermédiaires, de 3 à 5 % dans des très grandes entreprises et le financement de fonds régionaux et spécialisés via CDC Entreprises.
Un des défis est aujourd'hui de mieux faire connaître l'action du FSI en faveur des PME, en mobilisant des responsables uniquement à cette tâche dans chaque direction régionale. Ce fonds, qui bénéficie de réserves financières bien dimensionnées, n'ayant jamais refusé le financement d'entreprises par manque de crédits, constitue pour les pouvoirs publics, avec les pôles de compétitivité et les actions d'Oseo Innovation, le socle financier d'une véritable politique industrielle.