Intervention de Augustin de Romanet

Commission de l'économie, du développement durable et de l'aménagement du territoire — Réunion du 25 octobre 2011 : 1ère réunion
Financement des collectivités territoriales — Audition de M. Augustin de Romanet directeur général de la caisse des dépôts et consignations

Augustin de Romanet, directeur général de la Caisse des dépôts et consignations :

M. Martial Bourquin, vous êtes sans doute le plus qualifié pour parler de la réindustrialisation avec votre rapport d'avril dernier et votre région a expérimenté durement la crise du secteur automobile. Mais c'est sans doute grâce au fonds de modernisation des équipements automobiles que l'on a eu un des outils les plus réactifs qui a permis de sauver plusieurs dizaines d'équipementiers automobiles grâce à l'association entre les grands groupes et l'État au sein du FMEA : 600 millions d'euros au total dont 200 de Renault, 200 de PSA et 200 du FSI. On peut critiquer le FSI mais la société de sous-traitance aéronautique Mécachrome a pourtant été sauvée par lui, pour le plus grand bénéfice des compagnies du secteur, à commencer par EADS. Je crois que la difficulté est la suivante : nous avons, par rapport à l'Allemagne - où vous dites observer une santé insolente - un écosystème qui n'a strictement rien à voir. Pardonnez-moi de revenir à l'histoire mais, dans le cadre du FSI, nous avons envoyé une mission en Allemagne et j'ai reçu l'ambassadeur d'Allemagne à qui j'ai demandé pourquoi son pays montrait une telle vivacité de ses entreprises familiales. Il m'a répondu : « C'est bien simple, pendant tout le Saint-Empire romain germanique, les 600 princes allemands avaient deux objectifs : avoir une belle université pour le prestige et avoir le maximum d'entreprises pour augmenter les recettes fiscales ». Donc, en Allemagne, il y avait un tissu local amical pour les entreprises et, lorsqu'un industriel réussissait, il n'était pas jalousé. D'ailleurs, cela doit être le cas dans votre région qui est une région de grosses entreprises familiales mais, malheureusement, ce n'est pas le cas dans le reste du pays. Vous dites que la question du crédit est une question clé et c'est vrai. Certes, je parlais des fonds propres des ETI mais je ne conteste pas que le crédit soit un vrai sujet. A tel point que le Médiateur du crédit a pu constater en 2008 que les banques nationales, rapatriant à Paris leurs centres de décisions, s'étaient incroyablement éloignées de leurs clients. Ainsi, M. Martial Bourquin, je crois qu'assez peu de choses nous séparent, si l'on regarde votre rapport d'avril 2011. J'ajoute qu'avec le FSI, nous avons une structure qui associe dans sa gouvernance l'État, la Caisse des Dépôts, les chefs d'entreprises et les organisations syndicales d'employeurs et de salariés. Je suis aussi très attentif à ce que peut dire le Comité d'orientation stratégique présidé par Jean-François Dehecq dans lequel siègent ces syndicats ; nous sommes preneurs de toutes les bonnes idées !

Lorsque je dis, M. Yannick Vaugrenard, que je n'ai pas rencontré d'entreprise me disant qu'elle n'avait pas d'argent pour se financer, c'était uniquement en fonds propres. En termes de crédit, la question est effectivement beaucoup plus sérieuse, mais cela relève plutôt du domaine des banques et d'OSEO.

Monsieur Bourquin, j'assume l'acquisition de Quick qui a été faite par mon prédécesseur. Qualium Investissement est le seul véhicule de la Caisse des Dépôts qui investisse de façon majoritaire. Et en l'espèce, un des fonds géré par Qualium Investissement possède 99 % de Quick... ! Normalement, Qualium Investissement n'investit que dans des transmissions d'entreprises familiales comme Feu Vert ou Carré Blanc et Quick constitue une exception. Néanmoins, je peux vous rassurer en vous disant que la société a été rachetée dans un processus concurrentiel à travers une OPA sous contrôle des autorités de marché sans aucune malversation. La valeur de l'époque était de 800 millions d'euros et nous en avons vendu l'immobilier ; ainsi, le prix de revient de Quick est de 500 millions d'euros, d'où une réelle et large plus-value. Quick est le premier recruteur de France avec McDonald's, soit 25 000 jeunes concernés.

S'agissant de Véolia-Transdev, aidons-nous indirectement Véolia Environnement? Pas le moins du monde, nous sommes à 50/50 dans la gouvernance. Avant cette fusion, il ya avait quatre opérateurs : la RATP, Kéolis, Véolia et Transdev, et nous considérions que la concurrence et la recherche de marchés à l'étranger étaient tellement rudes qu'il y avait un acteur de trop. C'est la raison pour laquelle j'ai accepté la proposition de M. Lebreton de marier Véolia Transports et Transdev. Aujourd'hui, la situation économique est très difficile mais j'assume ce choix. Nous gardons un maximum d'ambition pour cette société et nous prendrons les mesures qui s'imposent.

Sur le rôle de la future Agence de financement des collectivités territoriales, il faut signaler que, lorsqu'elle prêtera, elle demandera que l'emprunteur dote simultanément l'agence en fonds propres. Autant pour les grandes collectivités qui font un raisonnement économique cela peut se concevoir facilement, autant pour les collectivités plus petites cela peut poser plus de difficultés. J'ajoute que cette agence, comme toute banque, fixera des conditions différentes selon le risque. Les collectivités vont-elles facilement l'admettre ? Je ne le sais pas. En résumé, je n'ai aucune raison d'être malheureux que vous appeliez à des réflexions entre l'Agence, d'une part, et la joint-venture Banque postale-Caisse des Dépôts, d'autre part. Cela passera-t-il par une structure à gouvernance commune ? En tout cas, à la Caisse des Dépôts, nous sommes habitués à la gouvernance avec des parlementaires.

Concernant la question de M. Bruno Retailleau, la KFW est notre institution soeur à la différence près qu'elle ne s'occupe pas des fonds propres mais juste des prêts, qu'elle dispose d'un énorme bilan (500 milliards d'euros), et qu'elle prête aux collectivités locales. Toute collectivité dont la dette est inférieure à 750 euros par habitant a une ligne de crédit ouverte automatiquement. Elle est également un mélange d'OSEO et de la COFACE, d'où son dynamisme pour accompagner les entreprises allemandes à l'étranger. Je milite d'ailleurs pour le développement de synergies entre la Caisse des Dépôts et OSEO dont la Caisse des Dépôts détient 27 %. Comment projeter les entreprises françaises à l'exportation ? Cela doit-il se faire par des dispositifs publics ? Pas uniquement, mais ce sera bien volontiers que nous aiderons à la manoeuvre.

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