Intervention de Hervé Morin

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 10 février 2010 : 2ème réunion
Audition de M. Hervé Morin ministre de la défense

Hervé Morin, ministre de la défense :

a rappelé que la coopération franco-britannique était ancienne, en matière de programmes comme en matière de rapprochement entre industriels et entreprises de défense. Le paradoxe de la Grande-Bretagne, poussée par sa contrainte budgétaire, est de rechercher la mutualisation des dépenses alors qu'elle n'est pas un partenaire très européen mais qu'elle est la seule qui, en Europe, consacre près de 2 % de son PIB à la défense. Des possibilités existent dans de nombreux secteurs, en particulier dans le domaine des drones où Dassault, BAe et Thales pourraient coopérer.

Le ministère de la défense encourage fortement les industriels à rechercher des coopérations, des échanges capitalistiques et des prises de participations croisées.

S'agissant de la coopération structurée permanente, le ministre a rappelé qu'elle était inclusive en permettant à tout pays intéressé et en remplissant les critères d'y participer. Le risque de cette « auberge espagnole » est d'héberger un « cheval de Troie ». Il existe en Europe un noyau dur de pays composé en particulier de l'Allemagne, de l'Espagne, du Portugal, de l'Italie, du Benelux, et bien sûr de la France, qui sont désireux d'avancer en matière de défense. On ne peut que regretter que le Royaume-Uni, partenaire indispensable, soit opposé à ce processus.

À ce titre, le discours, tenu par celui qui pourrait être le futur ministre de la défense d'un gouvernement conservateur, met en avant une réorganisation d'un ministère qu'il estime mal géré, une contraction drastique du budget, des coopérations bilatérales mais non européennes et l'établissement d'une relation particulière avec la France.

S'agissant de l'A400M, les discussions se poursuivent. En l'état actuel de la négociation, les Etats participants seraient prêts à prendre à leur charge 2 milliards d'euros. Les discussions portent sur le montant des avances remboursables qui pourraient être attribuées par les Etats participant au programme. Dans la mesure où ces avances ne couvriront pas totalement l'impasse, l'industriel devra faire un effort supplémentaire.

L'hypothèse d'un achat sur étagère émise par la Cour des comptes n'est pas raisonnable. Avec l'A400M, l'Europe disposera d'un avion tactique et stratégique permettant une grande capacité de transport. Ce programme concerne par ailleurs 40 000 emplois en Europe et conforte l'indépendance européenne en matière de transport stratégique. Le C130J ne constitue pas une alternative : sa capacité de transport est très inférieure à celle de l'A400M, et il présente un rapport coût efficacité inférieur à l'A400M, même en tenant compte de l'effort qui pourrait être fait par les clients.

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